Sortie du lundi 12 septembre 2016
Conditions terrain
Pour le moins varié !
Compte rendu
Un vieux rêve...
Jour 1: Evian - Tanay; 30 km; 1200 D+, 300 D-.
J'arrive à Evian en train vers 14h et je ne finasse pas pour rejoindre le départ à St Gingolph: je prends la route, soit 18 km de goudron. C'est chiant mais ça va vite. Il fait chaud, le temps est orageux, et dès le début, ça monte. Ca commence très bien puisque je trouve un sentier montant et roulant (rare !) sur 500 m de dénivelé. Un peu de poussage aussi mais j'arrive assez vite au lac de Tanay, site magnifique. Je suis fatigué par le voyage et un lever à 4h, je me "cuisine" mon repas sur le petit réchaud au bord du lac, mais dors à l'un des refuges; c'était une bonne idée puisqu'il y a des averses dans la nuit.
Jour 2: Tanay - Champéry; 55 km; 2050 m D+; 2300 D-
Démarrage au lever du jour (6h30); petite descente avant une montée éprouvante où je sens déjà une petite douleur dans un genou: si je veux aller au bout, il faut calmer le jeu ! j'y vais donc pépère contrairement à mon habitude; je dois m'y contraindre mais à mon grand étonnement,ça monte quand même: je comprends une chose importante (au bout de 50 ans il était temps...): c'est pas parce que je vais arriver 5 minutes plus tard que je ne vais pas arriver. Il y a des évidences des fois...
Ça a l'air très beau mais le temps est assez moyen et il faut bien dire que je n'y vois pas grand chose; dommage pour les Dents du Midi qui sont là, je les sens mais ne les vois pas. L'avantage: je n'ai pas trop chaud, même presque froid à quelques passages de cols un peu ventilés. L’essentiel se déroule sur des pistes mais il y a aussi quelques beaux singles, en particulier après les Portes de Culet et dans la descente sur Champéry. Nuit à l'auberge de jeunesse de Champéry, luxueuse et pas cher pour la Suisse (35 € quand même). J'y suis seul, c'est super confortable.
Jour 3: Champéry - La Fouly; 80 km; 2200 m D+; 1700 m D-
Grosse étape: 46 km de sentier et piste à serpenter au pied des Dents du Midi (que je vois enfin, il fait beau !) puis 34 km de route pour avancer vers le massif du Mt Blanc que je veux contourner par le versant italien. La première partie est donc très sympa, il y a même quelques singles de descente, la fin est plutôt pénible et là encore je ne finasse pas pour arriver à la Fouly d'autant plus qu'il y a des averses: je finis sur la route. Montage du tarp, je mange dessous à l'abri mais je me résous à dormir au refuge, il ne fait pas chaud et il pleut un peu.
Jour 4: La Fouly - refuge Elisabetta Soldini; 47 km; 2000 m D+; 1300 m D-
Je remarque au départ que même s'il fait très beau coté Suisse, le Col Ferret me semble encombré de sales nuages et je redoute un temps très différent coté italien... Montée sans histoire au Grand col Ferret avec une succession harmonieuse (on va dire) de poussage et de roulage. Arrivée au col dans le brouillard comme je le pressentais: grosse déception, pas de Mt Blanc, pas de Grandes Jorasses, rien ! Je me console avec la beauté du sentier de descente sur le refuge Elena, d'autant plus que je passe sous la couche nuageuse à partir de 2400 m; mais les grands sommets restent pris dans les nuages. Un petit café italien plus tard, je reprends le magnifique sentier bien roulant qui me traverse puis me descend au pied de la remontée pour le refuge Bonatti. Un peu de poussage plus tard, me revoilà vers 2000 m, en route pour un single qui ondule vers le refuge Bonatti, magnifique passage en face du massif des Grandes Jorasses et de la Dent du Géant que je vois de mieux en mieux, le temps semble s'arranger; un grand moment de bonheur dont je rêvais depuis longtemps ! Encore un arrêt au magnifique refuge Bonatti (pas de café mais une bonne tarte aux myrtilles) et je continue sur ce magnifique sentier balcon qui finit par me descendre à Planpincieux d'où je descends à Entrèves par la petite route.
Remontée raide dans le val Veni mais j'y vais cool, comme à ma récente habitude. Les montagnes se dégagent de plu en plus, j'ai des vues superbes sur l'arête de Peuterey et sa magnifique Aiguille Noire, encore un vieux projet qui n'a pas pu se réaliser mais presque.... Le site du lac Combal est lui aussi magnifique, plus bucolique. Et je finis par un court poussage qui me dépose au refuge; pas question de dormir dehors, il fait froid et il y a quelques averses. Le refuge est plein malgré la fin de la saison et l'ambiance y est pour le moins cosmopolite: ça parle plus anglais qu'italien ou français. On me case dans le vieux dortoir (qui restera quasiment vide) et j'y suis très bien après mon repas bricolé dehors entre deux averses sur mon petit réchaud: ça caille mais y'a moins de coréens ou d'américains et ça me repose les oreilles !
Jour 5: refuge Elisabetta Soldini - refuge Nant du Beurre; 60 km; 2200 m D+; 2400 m D-
Grand beau au petit matin, la face S du Mt Blanc se dévoile dans toute son ampleur. Le passage du col de la Seigne est facile avec un petit poussage, vue magnifique au sommet en particulier sur l'Aiguille des Glaciers et la décidément magnifique arête de Peuterey. Le sentier de descente est superbe, magnifiquement roulant, et rouler dans un tel cadre... J'en profite d'ailleurs pour crever un peu; un pneu pardon. La descente est ensuite très rapide sur les Mottets, la Ville des Glaciers et les Chapieux où je trouve une petite épicerie pour me ravitailler un peu. S'ensuit une petite remontée sur route jusqu'au Cormet de Roselend et au refuge du Plan de la Lai où après une omelette, l’hôtesse m'offre deux parts de gâteau à la banane qu'elle a fait ce matin. Elle est à toi, cette chanson, toi l'hôtesse qui sans façon m'a offert plus que quatre bouts de pain. Je découvre le Beaufortain que je ne connaissais que l'hiver et me rends compte que c'est une région parfaitement adaptée au VDM. La suite est en effet magnifique sur des petits sentiers en balcon au dessus du lac de Roselend. J'y vis malgré tout une petite frayeur mécanique: lors d'un petit déséquilibre, le vélo frotte un peu et je sens le frein arrière tout mou: j'ai peur d'avoir percé une durite mais non. Je continue à rouler en m'attendant au pire à chaque instant mais avec un nouveau réglage de la course de la poignée, ça va, ce qui me parait quand même suspect. C'est une heure plus tard, en entendant un grand bruit de ferraille que je comprends ce qui s'est passé: le disque est bien tordu et mes plaquettes sont foutues. Je m'en sors bien avec juste un disque à détordre à la main et un jeu de plaquettes à changer: tout rentre dans l'ordre et je peux profiter à nouveau de ce magnifique enchaînement de sentiers bucoliques.
Nouvel arrêt au refuge de la Coire pour un chocolat chaud (il fait plutôt froid) et j'enchaine dans un magnifique paysage et dans une lumière mordorée (il est 16h) qui illumine les glaciers de la Vanoise le Mt Pourri et la Grande Casse au loin. Un très bel enchaînement de petits cols m'amène au refuge du Nant du Beurre. L'hôtesse est seule et on discute un bon moment. Elle m'offre elle aussi un plat de ratatouille "du jardin" qu'elle a cuisiné ce matin et que je m'empresse d'embarquer dans un petit tupperware qui me sert de "Doggy Bag". Elle finit même par m'offrir le couchage au refuge, mais le temps est splendide et je décline cette aimable invitation. Je prends un peu d'eau et vais dormir un peu plus bas près de la cabane de Beauregard au nom si justifié. j'y monte mon tarp, déguste le plat de ratatouille et passe une excellente nuit malgré une petite fraicheur matinale.
Jour 6: Nant du Beurre - St Jean de Maurienne; 70 km; 2400 m D+; 4000 m D-
Ça démarre par une magnifique et longue descente essentiellement sur singles jusqu'au fond de la vallée de l'Isère, à 440 m d'altitude à la Léchère. Je ne m'y attarde pas malgré un petit café revigorant et réchauffant, le fond de la vallée est plutôt moche et je remonte aussi sec sur Doucy-Tarentaise, charmant village perché vers 1000 m non loin de Valmorel. Je poursuis par une bonne piste qui me remonte vers 1500 m sur une crête herbeuse entre Valmorel et la vallée qui monte au col de la Madeleine. S'ensuit une longue traversée sur pistes montantes dans les flancs de la Pointe du Mottet qui m'amène au dessus du col de la Madeleine. Longue descente sur single puis beaucoup de pistes jusqu’à St Jean de Maurienne non sans avoir pataugé un moment au lieu dit "la Merdière" la bien nommée: la piste a été emportée par un petit glissement de terrain; ça passe à peu près à pied, plus du tout en 4X4. Dormir sous mon tarp dans cette moche vallée ne me dit rien, de plus l'étape a été longue, un peu chaude et je dors dans un sympathique hôtel pas cher en face la gendarmerie (comme ça, je suis en sécurité en plus...).
Jour 7: St Jean de Maurienne - Besse en Oisans; 60 km; 2300 m D+; 1450 m D-
Belle montée par une piste sur le plateau d'Albiez le Jeune, puis Albiez le Vieux après un passage sympa sur single. Un peu de route descendante puis montante me pose à St Sorlin d'Arves où ma première préoccupation est de trouver une boulangerie ouverte: j'ai plus que faim et deux ou trois gâteaux plus tard, je suis prêt à affronter la montée au col des Près Nouveaux et son assez long portage. C'est là que je rencontre Alain, un autre vttiste du même âge que moi et la montée au col se fait en papotant, je ne me suis quasiment pas rendu compte que ça montait et qu'il fallait même porter un peu mon vélo + mon bardas. J'ai rencontré ce jour-là mon alter égo, je ne pensais pas qu'il existait, mais si ! Comme quoi, tout arrive. Nos chemins se sont séparés à Besse. La traversée de ce col est un splendide passage avec une très longue descente d'anthologie sur Besse que je connaissais déjà mais que je voulais à tout prix refaire.
Il fait beau, je monte le tarp à coté de Besse, très bonne nuit.
Jour 8: Besse en Oisans - refuge des Drayères; 70 km; 2900 m D+; 2250 m D-
C'est la journée de la montée sur le Plateau d'Emparis et il fait beau: on a beau connaître par cœur, on ne se lasse pas du Plateau d'Emparis et de ses vues sur la Meije et le Rateau. Il est encore très tôt quand je débouche là-haut et à part quelques randonneurs qui se réveillent à peine de leur bivouac, il n'y a encore personne. Les vues sont conformes à mes souvenirs: sublimes. Quand à cela se rajoute des sentiers hyper-roulants, c'est le bonheur. J'en profite pour faire le détour par les lacs Noir et Lérié pour immortaliser les reflets dans les lacs de la Meije du Rateau et des blancheurs des glaciers du Mont de Lans et de la Girose.
Puis c'est la traversée malheureusement trop rapide (ça roule trop bien !) et de la très belle descente vers le Chazelet. Il ne reste qu'un bistrot ouvert au Chazelet: c'est le gîte d'étape et j'en profite pour manger un crêpe (complète, c'est la fête) avant de repartir pour la suite de la traversée vers les hameaux des Terrasses, des Hiéres et de Valfroide en balcon face à la Meije et au Pic Gaspard. Encore un beau passage: la traversée et la superbe descente du col de L'Aiguillon jusqu'à Villar d'Arêne. C'est ensuite que ça se corse puisqu'il faut remonter au col du Lautaret par la route, mais la pente n'est pas raide. Les motos sont omniprésentes au col et sur la route du Galibier et il s'agit d'une vraie plaie sonore de l'Alpe. Ce qui m'inquiète le plus, c'est leur consommation de bières qui me paraît peu compatible avec une conduite sur route sinueuse; mais bon, faut bien que les cafetiers vivent...
j'ai un gros coup de mou dans la montée du Galibier par l'ancienne route; de plus le vent se lève, et plutôt de face. Le ciel devient laiteux, je sens que la limite climatique entre les Alpes du Nord et du Sud -située justement ici- va fonctionner. J'accélère le rythme car je suis encore dans les Alpes du Nord et j'arrive au col un peu en vrac, entre 13 motos et 45 vélos. Il me reste la descente du col (que j'effectue sur la route pour gagner un peu de temps) et la rude remontée au Col des Rochilles que j’atteins péniblement; j’aimerais dormir au Drayères car je sens que la nuit va être venteuse et humide. Il est tard, 18h, il n'y a personne d'autre que moi qui pédale avec maintenant le vent plutôt dans le dos. J'arrive aux Drayères vers 18h30 après quelques passages un peu chaotiques à vélo. Le refuge est encore gardé, ce dont je n'étais pas sûr et la soupe est à 19h, j'ai juste le temps de prendre une douche et je mets les pieds sous la table en compagnie de quelques randonneurs. Rude et longue étape. Dehors c'est la tempête, un peu de pluie et surtout beaucoup de vent et je pense que je n'aurais pas dormi si j'avais bivouaqué.
Jour 9: refuge des Drayères - Ville Vieille; 70 km; 1500 m D+; 2250 m D-
Hier, je me suis senti fatigué et aujourd'hui, je décide d'y aller cool, d'autant plus que je dois descendre à Briançon pour aller retirer mon paquet de cartes que Patricia à envoyé en poste restante il y a quelques jours. Je considère donc qu'aujourd'hui sera une "journée de repos".
Le début est magnifique: comme prévu,la limite climatique fonctionne à merveille et si le Nord et les environs du Thabor sont complètement bouchés, le Sud est lumineux et bleu. Ça donne des lumières du matin sublimes sur les aiguilles rocheuses et dolomitiques de la Main de Crépin et des Crêtes du Queyrelin, illuminées de soleil sur un fond nuageux tout noir. De plus ça descend et je me laisse glisser en admirant le paysage. Les sentiers rive droite un peu plus bas réclament un peu d'attention et de pilotage mais le cadre de cette magnifique vallée de la Clarée est idyllique: du soleil, un torrent cristallin, des mélèzes et un sentier plutôt lisse et descendant: que demande le peuple ?
L'arrivée à Briançon est moins drôle; il faut d'abord trouver la bonne poste (celle qui est tout en bas). Les cartes ne sont pas arrivées; du coup j'achète une carte au 1/100 000 couvrant le sud des Alpes du Sud afin de ne pas être complètement paumé en cas de panne du GPS. J'achète aussi un pneu arrière neuf que je change illico, le mien étant bien usé, un jeu de plaquettes supplémentaire et un peu de bouffe. Et c'est reparti: je remonte au Laus par la route et remarque un balisage "Grande Traversée VTT des Hautes Alpes". Il emprunte en fait le parcours que je voulais prendre, à savoir une remontée au col d'Izoard par le Bois de Péméan; il y a un peu de poussage au départ mais la suite est vraiment magnifique, sur un sentier montant et roulant. Il faut ensuite emprunter quelques km de goudron pour traverser le col jusqu'à la Casse Déserte où je quitte le goudron pour un magnifique sentier qui par une traversée en balcon montante et roulante amène au col Tronchet. La descente que je connaissais déjà a été réaménagée pour les vtt (Grande Traversée des Hautes Alpes oblige ?) et c'est un vrai bonheur jusqu'à Souliers. Sous le village, une traversée à flanc sur une piste m'amène en haut de la magnifique descente sur Château Queyras. Je ne suis pas loin des 70 km -c'est bien pour une journée de repos- et je décide de m'arrêter au gîte des Astragales à Ville Vieille, ce qui s'est avéré être une bonne idée: excellent accueil, excellent repas, et excellente nuit sous une couette dans un dortoir sans ronfleurs.
Jour 10: Ville Vieille - St Ours; 70 km; 2400m D+; 2000m D-
C'est frais et dispos que je m’attelle à la longue étape du jour, et son gros portage pour franchir le col de la Noire. Ça commence par une petite montée à Prats Hauts par une petite route, puis un belle traversée le long du canal horizontal de Pierre Dimanche. Il fait très beau, pas un nuage dans le ciel et la montée à St Véran puis au refuge de la Blanche ne pose pas vraiment de problème. Je me colle au portage: vélo sur le dos, mon boudin de sacoche avant sous le bras, c'est parti pour une heure de portage qui passe comme une lettre à la poste (mieux même que la poste restante puisque j'arrive à destination moi au moins...). Paysage minéral et d'une grande beauté au col où je rencontre des randonneurs plutôt étonnés de mon bagage à cette altitude déjà conséquente (2955 m) et de ma destination finale; quand ils m'ont demandé où j'allais et que je leur ai répondu dans une boutade que j'allais me baigner à la mer, ils ont commencé par me prendre pour un joyeux hurluberlu mais ils ont dû se rendre à l'évidence: j'étais effectivement en route pour aller me baigner à St Raphaël !
La descente qui suit est interminable: d'abord technique au départ, elle enquille ensuite le très long vallon de la Haute Ubaye qu'on descend longuement sur un magnifique sentier très roulant (à part les dernières minutes) jusqu'au Plan de Parouart. Ensuite, ça devient très facile et c'est là que je fais une petite chute: ah, déconcentration quand tu nous tiens...
Le problème, c'est le GPS qui a volé quelques mètres plus loin. Inquiet -c'est désormais mon seul moyen de navigation-, je le ramasse pour constater qu'il marche encore mais que je n'ai plus de fond de carte; je l'ouvre pour ré-enquiller la carte MicroSD additionnelle sur laquelle est installé le fond de carte, et ça remarche; un grand OUF de soulagement, c'est du solide cette camelote ! Je descends ensuite tranquillement sur la petite route entre Maljasset et le Pont du Chatelet où je remonte (très chaude remontée, il fait toujours aussi beau et désormais très chaud) jusqu'à Fouillouse. Il n'est que 16h, il fait beau, je décide de poursuivre jusqu'à St Ours par le col de Mirandol que j'atteins après un court portage vers 18h. C'est l'heure où la lumière de Septembre (et oui, ça y est, en est en septembre!) devient superbe. Il ne reste plus qu'à descendre ce magnifique sentier. A St Ours, le gîte est fermé mais j'avais décidé de bivouaquer. Je suis au soleil, je domine un paysage magnifique, il y a de l'eau, il fait encore chaud et quand un couple de randonneur me demande où je vais dormir ce soir et que je leur réponds "ici", je sens qu'ils m'envient...
Jour 11: St Ours - Allos; 57 km; 1400 m D+; 1700 m D-
La soirée était super, mais la nuit très agitée: un petit vent pas sympathique et venu d'Italie a traversé le col de Larche pour secouer mon tarp dans tous les sens. Je décampe assez vite dès le lever du jour en n'ayant pas avalé grand chose et descends (globalement parce qu'il y a toujours une remontée imprévue dans une descente) sur Barcelonette où je me rue sur la seule boulangerie ouverte.
Ce qui m'attend n'est pas marrant: une longue remontée sur route jusqu'au col d'Allos d'autant plus qu'il fait très chaud en bas. Mais plus haut, j'ai la bonne surprise de retrouver le petit vent frais qui m'avait délogé à St Ours et la suite de la montée se passe vite et bien, pas encore trop de motos, tout va bien. J'arrive au refuge du col d'Allos vers 13h et là, il faut se rendre à l'évidence: j'ai encore faim (pour info, j'aurai perdu 7 kgs pendant cette traversée et la traversée de la Slovénie à VTT avec Patricia qu'on a fini juste avant celle-ci mais ceci est une autre histoire). Une bonne grosse salade plus tard, je remonte sur le vélo pour un des plus beaux passages de toute la traversée: la descente du col d'Allos sur Allos, sur un itinéraire récemment balisé vtt, la "Transverdon". Passages magnifiques au milieu des mélèzes sur un sentier hyper lisse et fluide; un grand moment.
J'arrive assez vite à Allos: il fait à nouveau très chaud et après la grosse étape d'hier et ma mauvaise nuit, je n'ai pas le courage de remonter 1000 m pour franchir l'Autapie et redescendre sur Colmars. J'ai sommeil et je jette l'éponge et me repose ici; il n'y a malheureusement pas de gîte mais il y a un petit hôtel pas trop cher et bien sympathique qui a fait très bien l'affaire. A 21h, je dors déjà.
Jour 12: Allos - La Colle St Michel; 64 km; 2400 m D+; 2300 m D-
Je démarre très tôt, un peu avant le lever du jour vers 6h30, à la frontale car je crains la chaleur à venir. De fait, il fait pour le moment très froid et je regrette les gants que je n'ai pas. Mais la première côte me réchauffe très vite: on n'a jamais froid très longtemps à vtt ! Et ce que je craignais depuis mon entrée dans les Alpes du Sud se produit: ma première rencontre avec un Patou agressif. Je descends de vélo mais ça ne le calme pas vraiment, il me serre de près en grondant et montrant les crocs. Je ne suis pourtant pas au milieu des brebis, qui sont à quelques mètres mais derrière leur clôture électrique. Y'a pas à dire, je suis tombé sur un chien con, ou plus exactement mal dressé. J'avance quand même, prudemment en surveillant mes mollets et il ne finit par me lâcher qu'à plusieurs centaines de mètres du troupeau. La suite se déroule à coté du vélo sur une piste d'exploitation de la station d'Allos très raide. Une bonne heure de poussage me donne accès au sommet de l'Autapie. Autant la montée fut pénible, autant la descente fut géniale: rien à jeter du sommet de l'Autapie jusqu'à l'entrée dans la petite cité de Colmars; que du beau sentier bien lisse et fluide, parfois aérien, parfois sous les mélèzes.
Et c'est reparti pour la deuxième grosse montée de la journée vers le village d'Ondres et la Baisse de l'Orgéas. Je craignais une montée étouffante mais les cumulus assez nombreux masquent le soleil et la température ne monte pas trop. A partir de la Baisse de l'Orgéas, le sentier est magnifique, bien lisse et à flanc dans un décor assez sauvage de ravines à franchir (en général sur le vélo) entre des mélézins magnifiques. On atteint des summums au Plan du Rieu avec des paysages très dégagés et presque lunaires, toujours sur un sentier hyper-roulant. Petite inquiétude quand j'entends puis vois un Patou courir vers moi, puis un deuxième: mais les braves toutous se contentent de me renifler (je dois sentir particulièrement bon) puis de me lécher affectueusement (je dois être particulièrement salé). Ils font demi-tour et m'accompagnent jusqu'au troupeau un peu plus loin, et sa bergère que je félicite pour le bon dressage de ses chiens. C'est une toute jeune femme qui me répond qu'en effet, elle "trouve ses chiens particulièrement gentils". Elle me parle de son métier, de ses contraintes et avantages, des loups qui sont un très réel problème dans la région depuis très longtemps. Une rencontre très sympathique qui me conforte dans le fait que les chiens ressemblent souvent à leur maître.
La suite de la descente est toute aussi magnifique, toujours sur la trace de la Transverdon, en passant par le pittoresque village de Peyresq.
J'arrive rapidement à la Colle et son gîte fort sympathique où je rencontre une équipe de 6 ou 7 vttistes sur la Transverdon. Soirée sympa à discuter vélo ou enneigement artificiel des pistes de Tignes puisque je suis tombé sur des professionnels de "la neige de culture" en "goguette-vtt" qui se relaxent en attendant la reprise de la saison à Tignes, c'est à dire très bientôt.
Jour 13: La Colle St Michel - Valderoure; 66 km; 1800 m D+; 2300 m D-
Une belle descente sur sentier puis un peu de route m'amène rapidement à Annot et ses fameux grès que j'admire d'en bas. Puis c'est la Clue de Rouaine où le sentier redevient très exigeant, les Alpes n'ont pas dit leur denier mot ! Un poussage puis un petit portage me donnent la clé (c'est une image) de la Chapelle St Jean du Désert la bien nommée: effectivement il n'y a personne, j'ai dû rater l'heure de la messe.
C'est dans la descente -assez technique- qu'a lieu le premier acte de la scène que je vais interpréter pendant 2h, scène dite de "l'épine fantôme". Voila le scénario: le terrain est chaotique et bordé de végétation épineuse, normal, c'est le Sud. Donc je crève. Évidemment, je cherche l'épine dans le pneu que je ne trouve pas et comme j'ai du temps, je répare la crevaison. Je repars et quelques minutes plus tard, re-crevaison. Une recherche plus attentive me fait découvrir qu'effectivement une épine bien planquée avait élu domicile dans mon pneu. Je re-répare la crevaison, repars, et... re-crève. Je cherche une nouvelle épine sans rien trouver. Je m'acharne, retourne le pneu dans tous les sens, rien, pas d'épine. L'heure tourne, je me résous à repartir sans avoir trouver d'épine et bizarrement, ça tient. Comprenne qui pourra et fin de l'intermède de "l'épine fantôme".
La suite se déroule dans un coin particulièrement sauvage sur le tracé des "Chemins du Soleil"; une assez longue succession de petits sentiers confidentiels et physiques me fait traverser quelques roubines, vallons secondaires et gués qui finissent par m'amener à la spectaculaire Clue de St Auban au fond de laquelle des canyonistes officient. Ça a l'air particulièrement ludique et ça fait bien envie, mais on ne peut pas tout faire...
Je m'arrête un moment au gîte pour manger un morceau (comme d'hab') et profiter de la très étonnante source bien fraîche qui alimente le lac de St Auban et accessoirement rempli ma gourde.
Il est 16h, le ciel est bien noir au Nord mais ma route part vers le Sud où il semble faire beau; je décide de continuer, je bivouaquerai près d'un village pour trouver de l'eau.
Je franchi donc un chaînon calcaire par un peu de poussage et une très belle descente un peu technique derrière et arrive à Valderoure. Le temps devient franchement menaçant, il tombe même quelques gouttes mais j'ai l'impression que ça ne va pas durer et je cherche un coin tranquille pour bivouaquer. Bivouac très sympa malgré quelques gouttes en début de nuit qui me font apprécier l'efficacité de mon poncho-tarp puisque je continue de dormir au sec.
Jour 14: Valderoure - St Raphaël; 94 km; 1450 m D+; 2500 m D-
Le démarrage est physique, le long d'un sentier ravagé par une récente exploitation forestière mais je finis par arriver au ruines du vieux Séranon au sommet d'un nième chaînon calcaire: les Alpes n'en finissent pas de mourir dans ce secteur ! La descente en est d'ailleurs très technique et bordée d'épineux mais bizarrement, je ne crève pas.
Encore une remontée (la dernière ?) et une descente dans une ambiance de plus en plus chaude et méridionale me conduit sur le rebord du camp de Canjuers, plateau calcaire qui semble surchauffé par le soleil. L'altitude se maintient encore un peu autour de 1000 m, puis chute brusquement car le sentier plonge vers une vallée et j'arrive au charmant village de Mons où il commence à faire franchement chaud. Serait-ce la fin des Alpes ? De l'esplanade du village, on aperçoit l'Esterel et la mer dans des lointains brumeux.
Le sentier descend maintenant franchement sous le village pour passer au ruine d'un aqueduc romain, puis descend encore (altitude 200 m) entre Fayence et Montauroux. Ça y est, c'est le Sud, il fait très chaud.
Je contourne maintenant le lac de St Cassien et ne résiste pas longtemps au plaisir d'un petit plouf; l'eau est chaude, ça décrasse et comme on dit, "mouillé c'est lavé, sec c'est propre !".
Le contournement du lac est très agréable mais la suite devient parfois hostile, dans une ambiance surchauffée et sur des pistes qui remontent franchement jusque vers 350 m ! Je n'ai plus trop d'eau et en demande 2 fois à des camping cars stationnés au bord des pistes. Enfin, une dernière montée sous le Mt Vinaigre me livre la mer et les couleurs ocre de l'Esterel; il est 17 h, il fait chaud mais la lumière est magique.
la dernière descente est très belle, au dessus de la mer qui se rapproche. Je pensais bivouaquer aux abords de St Raphaël mais c'est impossible, il y a des propriétés avec des caméras partout et ça pue le fric; je finis donc par descendre en ville. Le choc est brutal: quand je m'arrête près de quelqu'un pour lui demander un renseignement, il me regarde avec des yeux bizarres, me répond mais ne peux s’empêcher de me demander d'où je viens, mon allure devant lui paraître un tantinet suspecte ! Il a peut-être l'impression que je descends de la lune, en tout cas, c'est bien l'effet que ça me fait, revenir de très loin. Quelques derniers tours de roue m’amènent à la plage, clap de fin sur un nostalgique coucher de soleil.