Départ : Courmayeur (1200 m)
Longueur : 207 km
Denivelé : 10700 m
Massifs : Haut Giffre / Aiguilles Rouges, Mont Blanc, Valais W - Alpes Pennines W, Beaufortain
Sommets associés : Refuge du col d'Anterne (Moëde Anterne) Le Buet Tête Nord des Fours Col de Voza Grand Col Ferret Col du Bonhomme Chalets du Truc Cormet de Roselend Mont Fortin Col d'Anterne Col d'Anterne Crête des Gittes Col de Youlaz Sentier des Rognes (le Dérochoir) L'épaule du Col d'Anterne
Topos associés
Sortie du lundi 31 août 2020
Compte rendu
Iti suivi : Emosson - Cheval Blanc - Buet - Servoz - Les Houches - col du Tricot - Contamines - col du Bonhomme - Tête N des Fours - Crête des Gittes - les Chapieux - col de la Seigne - Mont Fortin - col Berrio Blanc - col dela Youlaz - MaisonVieille - Courmayeur - Bertonne - Bonatti - Grand col Ferret - La Fouly - Champex - Bovine - Trient - Chatelard
C'est un jeu, mais l'équation n'est pas simple !
- Trouver des camarades prêts à s'accorder aux règles et entre eux, qui savent ce que porter signifie, ce que VDM veut dire, ce que BUL sous-entend de choix, de compromis et d'investissements ;
- Mettre dans le viseur le bon créneau météo ;
- Répondre à la demande de la Dame de Haute Savoie : 1 jour de repos à mi-parcours (demande finalement refusée pour cause de course contre la montre avec la météo...) ;
- Mais surtout compiler les traces et les commentaires sur les sentiers quand ils existent, analyser finement les cartes et chercher des infos quand ils sont absents, pour tenter de dessiner un itinéraire qui intégrerait les meilleurs plans, mais aussi des passages originaux, perchés au-dessus des vallées ou des glaciers et qui nous en mettraient plein les mirettes.
Car l'objectif est là, avant tout : se faire péter les rétines...
Et puis dans l'équation, un élément de taille, les interdictions de rouler. Notamment en juillet août sur les communes de Chamonix et Vallorcine. Et ailleurs encore de façon permanente...? (le VDM aurait-il du soucis à se faire ...?).
Ce point, ajouté à la fréquentation du tour du Mont-Blanc en été fait qu'on avait jamais vraiment envisagé le plan jusqu'à cette année... Mais si le Covid a eu un effet bénéfique en notre faveur, c'est celui d'entamer sérieusement la fréquentation estivale de ce tour d'habitude trop couru pour qu'on ait envie de s'y frotter...
JOUR 1 :
Pour résoudre le problème de l'interdiction sur Cham et Vallorcine, pas d'autres choix que de tourner plus large, plus à l'ouest !
Nous laissons la bagnole au Châtelard, à la frontière franco-suisse et alternons entre petites routes, pistes et un zest de portage pour atteindre les 2 lacs d'Emosson. La voûte du barrage du lac principal est vertigineuse, déversante dans sa partie supérieure ! Plus loin, on s'agrippe aux pédales pour remonter la raide piste du Lac du Vieux Emosson. Ensuite, c'est le calme retrouvé, de moins en moins de monde, on s'élève jusqu'au lac Vert où nous posons le premier camp. L'itinéraire dans les dalles de gneiss ou de granite (?) doit d'ailleurs être franchement sympa à rouler à la descente : choix de la ligne, franchissements, bon grip...
Le bivouac de ce premier soir sera de loin le plus beau, perché à 2600 m, entre les roches moutonnées qui bordent de petits lacs d'altitude, sur le haut de l'amphithéâtre naturel que dessine le vallon du Vieil Emosson. Un court aller-retour jusqu'à la Pointe de la Terrasse offre de beaux points de vue mais le massif du Mont Blanc reste en grande partie dissimulée par les cumulus qui n'ont cessé de gonfler au cours de la journée. Quelques bouquetins mâles nous servent de lot de consolation...
JOUR 2 :
On émerge à l'heure où apparaît le soleil. Quiétude... Je suis tout de même impatient de filer car le plan de la journée est incertain. Du col des Corbeaux, courte descente un peu technique dans des éboulis, tantôt grossiers, tantôt fins, qui remettent tout de suite les idées en place, puis portage. Le sentier qui remonte le versant est de Cheval Blanc est excellent jusque vers 2700 (T3 à la descente). Au-dessus, ça se raidit fortement pour finir dans des dalles un peu redressées qu'une corde, puis une chaîne et quelques échelons protègent. On croise les doigts pour que ça ne deviennent pas plus raide. Ça serait con de devoir déjà faire demi-tour... Mais non, ça passe. Au sommet, les nuages ont déjà bien gonflé et seuls les sommets de la chaîne du Mont Blanc sont encore visibles au-dessus d'une couche de cumulo-stratus. Frustration. Côté ouest, le Fer à Cheval est aussi plus ou moins pris dans les nuées. On ne s'éternise pas et on file sur la crête sud-est de Cheval Blanc : ça descend sans grande difficultés jusqu'au col du Genévrier, sente perchée au-dessus des nuages, quelques zones à blocs pour varier les plaisirs.
Au col, on remet les bikes sur les épaules et contournons la Pointe du Genévrier par l'est en suivant la ligne de cairns. Sous la crête de la Montagne des Êves, la pente s'incline, on commence à regarder où on pose nos pieds mais le brouillard nous dissimule le ressaut vers lequel nous avançons - c'est peut-être mieux ainsi...
Juste après la brèche qui sépare la crête de la Montagne des Êves de l'arête du Buet, un premier passage câblé nous met dans l'ambiance... A partir de là, pas question de riper, ni d'un côté, ni de l'autre. Vers 2800, nous décidons de hisser un seul bike à la fois, le vélo sur mon dos et Sylvie juste en amont de moi pour l'assurer dans tous les passages où je dois me servir de mes 2 mains pour me hisser le long du câble. Le PeakRider m'aide un peu pour le transport de mon vélo mais celui de Sylvie a tendance à glisser et sortir de la perche... Sal...rie de bikes, vous pouvez pas vous tenir tranquille 5 minutes !?! La redescente à vide est vraiment une formalité, mais faudrait vraiment trouver une manière d'accrocher les bikes de façon sûres pour nos futures grimpettes car la sensation que génère le vélo qui glisse de l'épaule au moment où vous avez autre chose à faire n'est guère agréable...
Le soleil refait son apparition quand nous sortons de la zone câblée, derrière c'est "rando", on souffle un bon coup et on reprend le portage jusqu'au sommet.
On casse une croûte, chiotte la vue ne se dégage guère... La descente jusqu'au col de Salenton est au top, c'est parfois un poil pentu mais souvent lisse, tout passe, rien ne casse - pas même les joins de culasse. On se régale. On enchaîne sur la descente de la haute combe de la Diosaz via les chalets de Villy : ça déroule mais ça n'en finit jamais... Sylvie commence à marquer le coup dans la remontée du Collet d'Ecuelle. Je patiente en mitraillant le Mont Blanc qui daigne enfin se dégager. Un gypa fait une courte apparition... J'abandonne l'idée de passer par le lac de Pormenaz, on file vers les Ayères par des sentiers plus ou moins dégradés. Et on rejoint Servoz par le single sympa de la Barme Trappier, technique juste ce qu'il faut à cette heure avancée de la journée. D'ailleurs, on ravitaille à Servoz, sentant bien qu'on ne sera pas dans les temps pour le faire aux Houches où nous devons retrouver notre copain Thibaut (pour prendre la première benne demain).
On galère 5 minutes en rive droite des gorges de l'Arve, le temps de comprendre que ça ne passera pas (merci Iphigénie...). Sylvie est naze, c'est soupe à la grimace dans chaque coups de cul jusqu'aux Houches - il y en a plusieurs... Là, on apprend que notre pote ne viendra pas ce soir et aussi qu'il n'y a plus de camping aux Houches, mais un gars très sympa et compréhensif nous offre une douche dans le spa qu'il gère et on va camper à côté des terrain de tennis... C'est con, si on avait su, on aurait pris nos raquettes...
JOUR 3 :
Thibaut est à l'heure, tôt ce matin, mais il nous annonce qu'il a un méga torticolis et qu'il ne sait pas ce que ça va donner...
J'avais initialement envisagé de monter aux Rognes par le Dérochoir pour redescendre versant Nid d'Aigle. Mais c'est tout de même 1000 m de D+ dans du terrain difficile et c'est à peu près clair qu'on risque d'y passer la journée... Et puis je n'ai pas trouvé d'infos très précises mais il semblerait qu'il y ait des câbles ET des échelles pour atteindre les Rognes par son versant nord. Notre TMB risque de nous prendre 15 jours à ce rythme là et avec ce genre de passages...
Le plan sera donc de prendre la première benne du télécabine de Bellevue, puis le Tramway du Mont Blanc jusqu'au Nid d'aigle pour nous permettre de rouler les Rognes en AR par son bon côté, puis redescendre le long du glacier de Bionnassay (remonter la piste du col de Voza ne m'intéresse pas, nous avons mieux à faire ailleurs...). Nous avons passé des coups de fil il y a 2 jours pour nous assurer que c'est possible d'embarquer les bikes dans le télécabine et le tram : il faut pour cela prendre le télécabine de 7h45 puis le Tram de 8h20 à Bellevue... Les gérants et chauffeur du tram sont au courant de notre venue, ça devrait fonctionner...
Sauf que le télécabine de Bellevue n'ouvrira pas aujourd'hui suite à un incident la veille... On patiente donc jusqu'à 9h30 qu'ouvre l'autre télécabine, celui de Prarion. On passe un coup de fil à St Gervais pour tenter d'avoir une place dans un tram vers 10 heures, mais ça n'est pas possible, les wagons sont bondés à cette heure là... A voza, on questionne la chef de gare, on ne sait jamais ; elle nous dit que de toute façon les vélos ne sont pas acceptés dans le tram au-delà de la gare de Bellevue... Va comprendre !
Bref, notre plan Rognes part définitivement en quenouille et on file donc directement vers la passerelle suspendue de Bionnassay : pas top car nous sommes aux mêmes heures que 2 ou 3 gros groupes de randonneurs : dans ces conditions, impossible de prendre le temps de franchir les passages les plus retors, on s'envoie ça un peu comme des cochons, roulant seulement le meilleur du pire...
La descente du Tricot est une purge, sentier ni fait ni à faire, de la blocaille pas propre un peu partout, tout passé sur le bike mais c'est régulièrement tendu et pas vraiment du "beau vélo"...
Dans la montée au Chalet du Truc (une bosse de 150 m de D+ tout de même !!), une dame nous annonce que, vers le haut, nous allons mourir... (elle a oublié de nous préciser de quoi, du coup j'ai un doute...). Sont quand même étonnants ces randonneurs...
Comme finalement on n'est pas morts, on s'offre une bière "tarif TMB" au Chalet du Truc et on opte pour une descente en traversée sur les Contamines, histoire de rouler un peu sur du propre, et effectivement, beau petit parcours en pifpafs lisses après un départ racineux...
L'option est guère révolutionnaire, on remonte tranquillement par les chemins de traverse le long du Nant, on fait le plein d'eau (sûrement bénite !?) à Notre Dame de la Gorge et on s'attaque au "raidar" bâtit par les Romains (fallait qu'ils aient des gros mollets à l'époque pour rouler ce truc !). Un peu trop de monde ici pour un Alpin du sud mais de très jolis passages tout le long du torrent du Nant.
On se termine les poumons dans la montée au refuge de la Balme et on va installer le camp un peu plus haut, sur le replat des chalets de Jovets, sous le col du Bonhomme...
JOUR 4 :
Thibaut émerge de sa tente avec la mine des mauvais jours : son torticolis ne s'est pas envolé pendant la nuit, faut dire que ce truc ne doit pas faire bon ménage avec les séances récurrentes de portage... Notre unique compagnon de bambée rend son tablier, plie les gaules, passe l'éponge : retour aux Houches via St Gervais... Nous, on grimpe doux, vélo sur l'épaule, au col du Bonhomme. On bricole sur les bikes, histoire de dire, sur quelques courtes sections de la traversée qui suit, vers le col de la Croix du Bonhomme (quelle imagination débordante avaient les anciens de Savoie !) mais grosso modo c'est trop haché pour être intéressant.
En matant les cartes pour préparer le trip, j'avais bien noté la possibilité d'une traversée improbable via le refuge Xavier Blanc sous l'Aiguille des Glaciers. Mais rien que la trace sur le geoportail était louche, avec des chicanes qui montent et descendent directe dans la pente. Pas sûr que ce soit extrêmement roulant tout ça... Pas sûr non plus que Sylvie se fasse une joie d'aller vérifier si ça l'est...
D'ailleurs, elle préfère faire une sieste (son sport favori après le VDM !), c'est certainement plus sage, pendant que je file me contenter d'une Tête Nord des Fours fissa en AR. C'est beau, c'est roulant à souhait, une petite section toute en belles dalles inclinées et un pano impressionnant depuis ce petit sommet isolé de tous les autres : Mont Blanc évidemment, mais aussi Cervin, Mont Rose, la Vanoise, les Grandes Rousses, la Chartreuse et le Jura pour ne citer que quelques points emblématiques...
On serait passé par le lac de Mya et les chalets du Petit Mont-Blanc si la bergère du coin ne crachait pas sur les VTTistes qui s'aventuraient sur ce sentier désormais interdit...
Les descentes directes vers les Chapieux ou la Ville des Glaciers ne semblent pas exceptionnelles, alors qu'à côté il y a cette fameuse crête des Gittes qui nous appelle. Cheminement improbable sur un sentier parfait, c'est magnifique. Un peu trop peut-être... Je me laisse tenter par la variante sur la crête même - entre le point haut et le collu 2413 -, plus retors. La première bosse se descend intégralement en serrant un peu les fesses, sur la seconde j'ai pas joué partout, c'est franchement expo / gazeux sur 3 passages et je ne sais pas de quel côté il vaudrait mieux tomber...
La descente du col de la Sauce au chalet du Plan de la Lai ne casse pas 3 pattes à un marcassin (pôvre bête !), c'est orniéré à mort (ben oui, on nous avait prévenu qu'on allait mourir...). Du coup, on zappe le final pour rattraper le plus tôt possible le Cormet de Roselend (ambiance caravane du Tour de France tous les jours de l'été ici...). Sylvie se découvre un nouvel amour pour le bitume, qu'elle pense suivre vers les Chapieux. Que nenni, pas question, diableresse ! Il faut aller défricher un petit sentier qui descend dans la combe de la Neuva, qui n'est pas dans la base de données et qui m'a l'air très sympa sous tout rapport... Et pan, fallait bien que ça arrive, portage à la descente dans une ornière remplie de caillasses. J'ai pas marqué des points sur ce coup-là...
Au Chapieux, on boit un coup pour se remettre de nos émotions, puis on remonte la Vallées des Glaciers jusqu'à son terminus. D'ailleurs, j'ai pas fais gaffe, mais Sylvie a dû commander une soupe à la grimace...
On n'est pas venu pour bivouaquer à côté des refuges, mais là on n'a pas trouvé de coins accueillants plus tôt que le refuge des Mottets. Du coup, on monte notre tente à 150 m en contrebas du gîte. Mais le taulier du coin n'est pas de cet avis et nous fait déguerpir... Je n'ai pas de mal à en saisir la raison, mais à bientôt 50 piges, j'ai passé l'âge, je crois, de me faire gueuler dessus sans bonne raison... Et un petit panneau indicatif suffirait à régler le problème...
JOUR 5 :
Récit par Sylvie :
Malgré une nuit plutôt correcte, je me lève avec la désagréable sensation que l'énergie a quitté mon corps durant mon sommeil pour se répandre quelque part dans le cosmos. "Beurk" sera l'unique mot que je parviendrai à prononcer au petit déjeuner en constatant que mon thé vert exhale une détestable odeur de micropur. Le portage au col de la Seigne est un calvaire. Pas de jambe, pas de souffle. En plus du sac et du vélo, la perspective de la suite de l'itinéraire pèse sur mes épaules aussi lourd qu'un âne mort. Arrivée au col, j'entreprends de sauver notre couple ;-) : je propose à Mika... de faire deux groupes. Il s'engagera seul dans la variante initialement prévue par le col des Chavannes et le Mont Fortin. De mon côté, je poursuivrai par l'itinéraire classique du Val Veny. RDV au lac Chécrouit. Nous voilà partis chacun de notre côté. Je prends mon temps pendant que Mika file à bonne allure, enfin libéré de son boulet. Finalement, il arrivera au lac une heure seulement après moi. Pour ma part, j'ai retrouvé le sourire, la forme et par la même occasion l'usage de la parole. La descente épinglue sur Courmayeur depuis Maison vieille me plaît.
Après un passage à la superette, on remonte 250 m en direction de Bertone pour avancer l'étape du lendemain. Petit bivouac dans les bois, toilette au torrent, dîner gastronomique. Et puis... une tisane et au lit! Météo Suisse nous a prévenu : demain une concurrente déplaisante va s'inviter sur l'étape. Une grosse perturbation est annoncée pour 14h. Il va falloir nous montrer plus malins et plus rapides pour arriver les premiers au Grand col Ferret.
Récit par Mika :
Sylvie n'a pas digéré sa soupe d'hier soir... La montée au col de la Seigne devient un supplice, physique pour elle, mental pour moi - mental aussi pour elle en fait... Bon, j'opte pour une recomposition momentanée en deux équipes de un, histoire que chacun ait sa part du gâteau. Sylvie, un TMB lisse et pas trop remontant ; moi, une traversée par les crêtes que j'ai repéré depuis quelques temps et que je ne veux pas laisser filer. Mimi, à tout !
Seul, je reprends mes marques sur un single propre jusque sous les crêtes du Mont Lechaud. Je fais des arrêts réguliers pour observer ce versant du Mont Blanc que je ne connais pas du tout, si ce n'est par quelques noms (arêtes du Brouillard, Pilier du Frêney, col de l'Innominata, Blanche et Noire de Peuterey, Grand Pilier d'Angle, arête de la Poire, Éperon de la Brenva...) qui illustrent les récits d'un alpinisme sauvage et engagé des années 60 et 70... Ces coins si proches et si loin de la vallée étaient presque la résidence secondaire d'un Bonatti ! D'ailleurs, il doit pas faire bon lambiner ce matin sur l'arête sommitale du Mont Blanc : le nuage d'onde qui le coiffait esthétiquement jusqu'ici vient de subitement s'affaisser sur le toit de l'Europe ; à l'ouest, ça s'assombrit de minute en minute derrière les Miages et Bionassay ; les nuées débordent déjà sur les piliers roux qui soutiennent le Mont Blanc de Courmayeur ; sous 3000, le vent de sud-ouest est fort ; j'imagine que là haut, on ne doit pas tenir sur ses pieds à cet instant...
Portage ensuite dans une jolie traversée ascendante vers le col des Chavannes (sentier étroit qui coupe la barre mais qui doit se rouler en très grande partie dans l'autre sens ; plutôt sympa). S'en suit un sentier bien roulant dans l'ensemble jusqu'au Mont Fortin (court portage), puis une magnifique sente perchée en crête via la Pointe des Chavannes et jusque sous la Pointe des Charmonts sud. On attaque alors une traversée à flanc sur des versants assez raides, ça roule presque partout, mais gaffe à l'expo en quelques secteurs (notamment après le col du Berrio Blanc). C'est sauvage à souhait, il n'y a personne ici sous la pyramide austère du Berrio Blanc, la vue porte loin, au sud-est vers le glacier du Ruitor, le Grand Paradis, les pointes de Grivolla ; La Grande Motte et les Dômes de la Vanoise vers le sud...
Et ça remonte à nouveau sur un chemin improbable qui zigzague sur la crête rocheuse du Mont Nix. Je zappe les 20 premiers m de descente, trop chauds, pas envie de me mettre une boîte ici, seul, dans les rochers. La suite jusqu'au col de la Youlaz est carrément sympa, en zigs et en zags. Depuis le col des Charmonts, j'ai bien vu que la descente du col de la Youlaz ne serait pas qu'un long fleuve tranquille. Heureusement, c'est en schiste et ça permet de descendre dans le raide de la première partie en gérant la glisse et les trajectoires. Mais le pire de la descente se trouve dans son tiers inférieur : la pente se redresse encore, et la sente traverse ensuite une pente herbeuse qui domine la barre rocheuse qui soutient toute la partie basse du versant sous le col. A moins d'être candidat au suicide, façon roulette russe, avec 6 balles dans le barillet, pas d'autres solution que de descendre prudemment à côté du vélo le temps de sortir de la zone expo. le final de la pente est encore redressé mais sans danger...
Je retrouve le TMB vers le lac des Vesses (Jésus, ici le sentier est plus lisse que la peau d'un nouveau né !) et ma belle au lac suivant, celui de Chécrouit. C'est à nouveau blindé de monde... Je scrute les contours élancés de l'Aiguille Noire de Peuterey ; la verticalité est un autre univers, le plus sauvage de nos contrées. Mais le prix à payer pour en profiter n'est pas accessible aux communs des mortels...
Sous Maison Vieille, en descendant sur Courmayeur, beau sentier à gauche de la combe, sous le télécabine : quelques marches un peu scabreuses dans 2 ou 3 épingles, mais le reste est technique à souhait et pas vraiment reposant. Mais plus on descend, plus les difficultés s'amenuisent et ça finit en mode "bike park" !
On se refait la cerise et un ravito à Courmayeur ; on réfléchit à la suite et aux portes de sortie car cela se confirme, la météo doit virer sous peu au "cauchemar"... En attendant, on va se cacher dans les bois pour y passer la nuit... Qui dort dîne, qui vivra verra, qui écoute trop la météo...
JOUR 6 :
3 heures du mat, je ne claque pas du tout des dents, c'est plutôt transpi dans le sac de couchage... Quelle option prendre ? Pas du tout envie de rentrer en bus depuis Courmayeur pour cause de mauvais temps et pas le temps d'attendre la semaine prochaine que la météo se remette de ses émois... Et puis il y a les balcons du Val Ferret italien à rouler ; on en a fait une partie en juillet, c'est un billard, et on veut à nouveau notre part du gâteau ; la grosse part cette fois !
Donc, pas question de faire demi-tour avant. De toute façon, la pluie ne doit pas arriver avant le milieu de journée, nous avons donc une poignée d'heures pour rouler ces fameux sentiers... Après, c'est à minima le Grand Col Ferret, le point le plus bas pour basculer en Suisse. Idéalement, je serai bien passé par le col un peu plus haut du Ban Darrey afin de rejoindre au plus court les lacs de Fenêtre, le col à l'est du Mont Tsavre et la Combe de Tsissette. Mais avec l'arrivée imminente de la perturb active, tout cela n'est malheureusement plus d'actualité et la question se pose même de basculer ou non du côté obscure (la Suisse).
Pas moyen de dormir, à 4H45, je réveille Sylvie et lui propose de décamper immédiatement et de profiter des 5 ou 6 heures devant nous pour passer en Suisse. Contre toute attente, je n'essuie pas un refus catégorique (pas pour le fait de passer en Suisse, mais pour celui de se lever immédiatement) et à 5h30, on est sous les vélos, à la frontale, pour monter à Bertone. Lever de jour à la sortie du bois, puis premiers rayons de soleil sur l'envers du Mont Blanc, déjà nimbée de son auréole des mauvais jours... On ne traîne pas, ça roule super propre et rapide sur les balcons et, avantage de l'heure, il n'y a personne pour nous ralentir... Dieu que c'est bon ! Pause café au-dessus du torrent d'Arminaz, puis seconde section ultra roulante jusqu'à Bonatti. Et la dernière traverse jusqu'à Armuova di Mezzo est tout aussi fabuleuse... On se questionne sur l'intérêt de traverser hors sentier et plus ou moins à niveau le reste du versant pour rejoindre le chemin du Grand Col Ferret sans avoir à descendre au fond du val Ferret puis remonter. Mai un gars du secteur nous en dissuade, on perdra plus de temps que ce que l'on va en gagner... Donc courte mais belle descente vers Armuova Desot (Arnouva sur Geoportail) et remontée par la piste jusqu'au refuge Elena, puis bike sur l'épaule jusqu'au col. Quelques gouttes de pluie à la montée, mais on arrive au col avec un dernier rayon de soleil : les Jorasses qui font bouchon depuis ce matin viennent de "céder", la "vague" de pluie fond sur nous ! On est content d'être à vélo et de pouvoir dévaler le chemin lisse du Grand Col Ferret à Mac2. La pluie nous rattrape néanmoins à la Peule, mais après une courte hésitation on part tout de même par le sentier qui traverse vers Pramplo avant de descendre sur Ferret : quelques remontées mais dans l'ensemble le sentier est super bon et plaisant. 13h30, on fait une halte au gîte de la Léchère, la proprio nous confirme l'arrivée de bonnes pluies et du vent, on décide de s'arrêter là pour aujourd'hui, l’essentiel étant désormais assuré : le passage obligatoire du col Ferret derrière nous, nous pourrons finir notre tour sur les vélos, même sous la pluie... Quant à patienter sous notre tarp sous la pluie et dans le vent jusqu'à demain matin, bof, on le sent pas trop, on mise sur du solide et un repos bienvenu.
Déluge une partie de l'aprem...
JOUR 7 :
Outre le passage par la combe de Tsissette et les crêtes de la Téjère qui aurait permit un parcours plus VDM que la vallée de la Dranse de Ferret (la Fouly), depuis le début je me questionnais sur la possibilité de franchir la Fenêtre d'Arpette. Il semblerait que dans le sens est-ouest, ça ne soit pas si con que ça comme idée. Ok, le début de la descente est non roulante mai la suite devrait l'être. Et par beau temps, le spectacle du glacier (même moribond) du Trient vaut certainement bien mieux que les verts "côteaux" de Champex... Mais bon, il flotte ce matin sans discontinuité et, à moins d'attendre le retour du beau temps, ça n'a pas de sens d'envisager autre chose que les sentiers "du bas". Dommage, c'est la seconde fois cet été qu'on passe à côté de la partie nord-est du massif du Mont Blanc sans rien voir du spectacle ; il y aurait pourtant de belles montagnes (Mont Dolent, Aiguille de l'A Neuve, Aiguille d'Argentière...) et quelques beaux cirques glaciaires à découvrir...
On va donc suivre gentiment le TMB. Belle ambiance sous les Dalles de l'Amône, de jolies sections traversantes en sous bois mais il faut se méfier des racines rincées par la pluie. D'ailleurs, à chaque fois que le sentier devient single, les panneaux du TMB se voient affublés de la mention "No bikes" écrite au marker. Que faut-il en déduire ? Est-ce vraiment interdit ? Depuis peu ? Aujourd'hui, on ne dérange guère les randonneurs, on ne croise presque personne...
Remontée à Champex par les petites routes, pistes et bout de sentiers. Resto au bord du lac (c'est pas moche finalement tous ces petits "chalets à géranium") pour se requinquer avant la dernière section, la montée à Bovine. Il s'est presque arrêté de pleuvoir. Ambiance forêt tropicale humide dans ce secteur ! Le sentier de montée est dégueulasse à souhait, doit pas être vraiment bandant à descendre... A la sortie du bois, la pente se calme, les caillasses se font plus rares. La descente côté Trient, toute en traversée, est très sympa. C'est technique juste ce qu'il faut (avec ce taux d'humidité, on fait quand même super gaffe où on pose les roues). Un petit bout de bisse pour rejoindre le hameau de Trient depuis le col de la Forclaz, puis c'est un final en partie sur le goudron pour rejoindre la frontière au Chatelard.
Voilà, la boucle est bouclée, on aura pas pu optimisé partout comme je l'aurais souhaité pour pouvoir faire un TMB sauvage et original jusqu'au bout mais c'est comme ça, et ma chérie, plus raisonnable, est aux anges ! Bravo à elle !
Difficile comme je l'écris en intro d'intégrer tous les paramètres de l'équation à la perfection. Ça serait à refaire, je potasserais davantage les secteurs Rognes et Arpette, on s'appliquerait peut-être un peu plus sur les lieux de bivouac (encore que ce point reste secondaire au regard de la gestion globale du tracé)...
Et je remplacerais les 2 jours de flotte de la fin par un beau ciel bleu : il doivent bien avoir ça de temps en temps nos amis suisses ! :-))
Pour ceux que ça intéresse, détails distances et D+ :
J1 : 21 km, D+ 1685, D-190
J2 : 30 km, D+1450
J3 : 28 km, D+ 1650, D-1515
J4 : 30 km, D+ 1450, D-1520
J5 : 29 km, D+ 1540, D-1940
J6 : 28.5 km, D+ 1650, D-1480
J7 : 41km, D+1300, D-1900
Avec : Silvi























































































































































