Sortie du lundi 19 septembre 2022
Conditions terrain
sec
- Ricovero Clapier > Refuge Avanza (Tour du Giusalet) : Incroyable, engagé, sauvage !
- Rifugio Avanza > Bergerie Martina : Sentier improbable à flanc de montagne, pas très difficile mais parfois exposé.
- Bergerie Martina > Forte Santa Chiara : Très beau, permet de descendre du refuge Avanza sur Suse
- Pra Pinao > Giaglione : Sentier en sous bois, permet de descendre du refuge Avanza sur Suse
- Ricovero Clapier > Lac de Savine : A la montée, portage quasi intégral
Compte rendu
Iti suivi : Modane - Suse - Assieta - Queyras - Guillestre - balcons de la Durance - Névache- Modane
Cette trace de Tibougnat me fait rêver depuis sa création il y a quelques années. J'ai un créneau et c'est parti !
Je ne l'ai suivi que de Modane à Souliers (Queyras) et ai poursuivi par les balcons de la Durance et la traversée du Massif des Cerces pour boucler jusqu'à Modane.
Comme l'a si bien dit l'auteur (Tibougnat) ici (www.vttour.fr/sorties/avanza-itinerance-d-exception-de-modane-a-sisteron,16573.html#sortie), trace exceptionnelle !
Jour 1. D+: 600 m.
Je suis donc parti de Modane vers 14h avec l'idée de suivre la trace jusque dans le Queyras.
D’entrée de jeu, il souffle un vent qui rafraîchit bien l'atmosphère, j'ai du mal à me réchauffer même dans les montées. A Bramans, pas âme qui vive, pas d'eau aux fontaines, que le vent. Je finis par trouver de l'eau chez un habitant du village qui m'explique qu'avec la sécheresse en cours, je ne trouverai de l'eau nulle part... Je me dégonfle pour aller bivouaquer au "Jeu", vers 2000 m où j'imagine qu'il va faire bien froid et me déroute via le GR5 sur Lanslebourg où je peux dormir au chaud.
Jour 2. D+: 2400 m.
Grosse journée le lendemain: il continue à faire froid, pas mal de vent mais il fait très beau. La montée au Mont Froid même si elle fait 1500 m de dénivelé n'est qu'une formalité, tout va bien. La descente sur le refuge du Petit Mont Cenis est magnifique, très lisse et agréable. Puis il faut remonter au lac de Savines; le début est plutôt roulant et très agréable mais ça se corse au dessus du lac: le GPS me dit de monter à gauche mais je ne vois rien, pas de sentier; il faut en fait être très attentif et surtout accepter qu'il va falloir porter le vélo (et le barda) pendant au moins 400 m. Je m'y colle, le vélo sur la sac à dos et tenu d'une main, l'autre main pour mon boudin que j'ai enlevé de dessous le cintre et vogue la galère...
Mais le vent souffle de plus en plus fort et finit parfois par me déséquilibrer, le vélo offrant une grande prise au vent. J'hésite un peu mais pas moyen de pousser, il faut porter. Les derniers mètres deviennent franchement délicats, il fait froid, les gants sont indispensables, je sens les voyants qui passent du vert à l'orange et je me sens moi-même un peu dans le rouge; je franchis néanmoins le col (pas loin de 2900 m !) entre deux rafales. Une fois le col franchit, tout se calme brutalement et dans ce silence étonnant, je sursaute quand décolle un vol de perdrix aussitôt suivi de la fuite d'un chamois qui détale en soufflant. Tout ce petit monde était bien tranquillement à l'abri du vent et je l'ai involontairement délogé.
Mais c'est pas fini, il faut entamer la descente sur le refuge Avanza par un sentier en traversée descendante dans des pentes raides et parfois exposées. L'arrivée au refuge est une délivrance; il est 17h, les ombres s'allongent, c'est magnifique. Le refuge d'hiver est ouvert, petite pièce avec quelques bas-flancs, une table et surtout, un poêle avec du bois ! Soirée magnifique, seul tout près du poêle qui ronronne à regarder par la fenêtre la nuit tomber; un moment rare et précieux.
Jour 3. D+: 2300 m.
Au réveil, brouillard: je cherche le départ du sentier presque à taton. Une fois sur le sentier, impossible de le perdre, il n'y a pas trop de choix ! La pente est très raide mais le sentier pas trop technique même s'il y a quelques passages un peu expos. Je débusque encore quelques chamois et bouquetins qui ne m'entendent pas arriver (et parfois à vtt, on arrive vite), silhouettes fantomatiques dans le brouillard qui plongent dans la pente.
Puis je passe sous les nuages vers 2300 m et l’interminable descente (plus de 2400 m entre le col et Suse à 500 m) continue, presque intégralement sur de très beaux sentiers parfois un peu techniques. Encore un grand moment de vtt !
J'arrive dans la petite ville de Suse vers 9h30, les gens démarrent la journée et moi, je suis un peu groggy, ma journée est déjà bien entamée ! Un petit café-croissant plus tard, et je repars car la journée n'est pas encore finie puisqu'il reste 2300 m de dénivelé. Il faut d'abord remonter les 1700 m de route puis de piste qui mènent au col delle Finestre; le nombre d'épingles est considérable (j'aurais dû les compter !). Je rentre à nouveau dans les nuages vers 1400 m et chose rare, je me rhabille durant cette montée plutôt énergivore à cause du froid et de l'humidité ambiante. Je n'ai guère d'espoir de crever le plafond et de parvenir au soleil puisque je sais (j'y étais ce matin !) que les nuages montent au moins jusque vers 2700 m, sûrement beaucoup plus...
Les 300 m de descente de l'autre coté sont frigorifiant mais heureusement, un petit bistrot inattendu se présente dans le brouillard; je suis le seul client dans cette purée de pois et je n'ai pas le choix: c'est polenta ! Pas très bon, mais c'est chaud et ça, ça vaut des points.
Puis c'est reparti -toujours dans le brouillard- pour les 600 m restant; la température descend encore et je me paye le luxe d'enfiler le gore-tex complet, veste et pantalon ! Je fini par arriver au refuge de l'Assietta que je sais gardé; la première chose que je fais est de prendre une douche, la gardien m'assurant que l'eau est chaude, et elle l'est ! Soirée sympa à papoter avec le gardien, mais il fait froid: il m'explique que vu le prix du sac de pellets qui vient de doubler, il n'allume le poêle qu'entre 19 et 21h. Mais je suis mieux là que sous ma tente...
Jour 4. 64 km, D+: 1800 m.
Hier, le gardien m'a assuré qu'il ferait beau aujourd'hui: que nenni ! Le brouillard est moins épais, et parfois j'y vois même jusqu'à 1 km, insuffisant pour profiter du panorama qui -je le sais- est magnifique depuis ces hauteurs puisqu'on roule pendant des heures entre 2600 m et 2300 m. Ca ne se dégage un peu que vers le col Basset. C'est le début de ce fameux sentier "Gelindo Bordin", effectivement extraordinaire; facile et très lisse, il ondule longuement vers 2200 m avant de plonger plus franchement sur le fond de la vallée par d'autres sentiers toujours très agréable. La température remonte franchement, le beau temps s'installe vraiment tandis que je remonte au col Chabaud; très belle montée sur piste puis sentier presque intégralement roulant (même avec mon chargement), ce qui est rare... Et je fais mon entrée dans le Queyras: grandes étendues herbeuses un peu desséchées, lumière magnifique, personne, ça a un petit air de Mongolie.
Je pensais dormir au refuge non gardée des Fonts de Cervières, mais il n'est que 15 h: il fait beau, pourquoi ne pas pousser jusqu'à Souliers ? Et c'est parti pour la traversée du col de Péas que je ne connais pas dans ce sens. Ca pousse, ça roule, ça porte un peu, ça repousse et même ça re-roule un peu, bref ça se passe vite et bien. Il est 17 h au col, la lumière d'automne est magnifique, je perds un temps considérable à m'arrêter pour faire des photos sur ce sentier d'anthologie ! Sentier que je ne connaissais pas dans ce sens et que je trouve formidable: rien à jeter du col de Péas jusqu'à la descente épinglue et finale sur Souliers. Le gîte est ouvert: je n'hésite pas longtemps, je sais qu'il va geler cette nuit !
Jour 5. 70 km, D+ 2400 m.
Aujourd'hui, je quitte la trace de Tibougnat car j'ai mes propres impératifs et je sais que hier était le dernier jour de beau temps. Je pars donc sur un itinéraire connu, la traversée du col de Furfande et du col Garnier qui me mène à la Maison du Roy, puis à Guillestre. Comme non prévu par Météo France - mais que font-il depuis que je suis à la retraite, y'a plus personne aux manettes ?- le temps se maintient et je continue sur ma route, c'est à dire que je remonte vers Briançon par les balcons rive droite de la Durance. La traversée du col des Lauzes est très belle, en particulier la descente coté Vallon du Fournel et l'Argentière. Il fait toujours beau et je trouve par hasard un gîte au dessus de l'Argentière, va pour le gîte !
Jour 6. D+: 1500 m.
Le lendemain, gros mauvais temps: pluie, vent, fraîcheur, nuages. Mon projet est de poursuivre les balcons de la Durance, puis traverser la Guisane à Chantemerle pour remonter au col de Buffère et descendre sur Névache où je suis sûr de trouver un gîte. Tout se passe comme prévu jusqu'à Puy St Pierre: je suis trempé, j'ai froid, la remontée sous la pluie -voire la neige vu les températures !- dans les nuages jusqu'à 2400 m me fait beaucoup hésiter; encore 1000 m de dénivelé, j'en ai déjà fait au moins autant, il est tard, bref j'hésite un moment, puis renonce. Cap à tribord et descente par de beaux sentiers glissants sur Briançon.
Je remonte la Clarée par des piste et sentiers rive droite, c'est sympa mais je suis toujours trempé et j'arrive dans un gîte très sympa ("la Découverte" à Névache) où une douche chaude me revigore plutôt bien !
Jour 7. D+: 2200 m.
Avant dernier jour: mauvais temps, je pars néanmoins vers le refuge des Drayères. Il y a un 4X4, j'entre pour un petit café et c'est parti pour un papotage sympa avec le gardien vttiste et son aide, une jeune fille qui me donne 2 cookies qu'elle a fait; je suis leur dernier client, ils ferment dans une heure et les cookies vont être appréciés car la suite va être dure: la neige remplace la pluie vers 2300 m. Le passage du col de la Plagnette n'est pas franchement drôle, il fait franchement froid et je me demande si je ne sui pas en train de passer dans le rouge à nouveau; j'ai froid aux doigts et freiner ou changer de vitesse devient compliqué...
Je n'ai pas d'autre choix que de poursuivre par le Pas des Griffes, le col des Marches. Heureusement après une dernière averse de neige assez forte, le temps s'améliore brutalement pour le portage au passage du col à 2700 m, tant mieux, je n'en menais pas large... Beau temps pour la courte descente et je me pose dans le petit local d'hiver du refuge des Marches. J'arrive à me sécher au soleil, avant le soir et la nuit qui tombe mais il ne fait pas si froid et tout se passe bien.
Jour 8. D+: 700 m.
Dernier jour: il fait beau, je pars vers le col de Bataillères (encore un peu de portage) afin de rejoindre le refuge du Mont Thabor; le refuge n'est pas gardé mais presque tout le refuge est ouvert pour l'hiver, c'est presque luxueux. Il y a des duvets dans le dortoir mais je ne vois personne. Il ne reste plus qu'à descendre jusqu'à Modane, 1500 m plus bas. Comme j'ai un peu de temps et qu'il fait beau (malgré un fort vent de Nord), je prends le sentier qui descend plein Nord depuis le refuge, sentier plutôt sympa. Puis une longue descente sur piste où je recommence à me geler à cause du vent du Nord de plus en plus fort. Puis un peu de route et encore pas mal de sentier qui m'amènent à Modane.