Départ : Moena (1200 m)
Longueur : 563 km
Denivelé : 25100 m
Sommets associés : Forca Ambrizzola Chiesetta del Pralongia
Topos associés
- Bech da Mesdi, tour du bech da mesdi (bindelweg)GPX
- Chiesetta del Pralongia, a l'ouest des dolomitesGPX
Sentiers associés :
Sortie du samedi 12 août 2023
Conditions terrain
De tout, plutôt bien sec.
Compte rendu
Je m'en échappe bien vite au prix d'une sévère remontée de 1000m: la piste est parfois très raide (comme très souvent dans les Dolomites où "piste" n'est pas forcément synonyme de "roulant") mais heureusement ombragée car il fait très chaud en ce début d'après-midi. Je finis par déboucher dans une zone d'alpage au dessus de la forêt vers 2200m; la piste devient panoramique avec des vues splendides sur le massif de la Furchetta, au pied duquel se trouve le très sympathique refuge de Brogles (Brogleshütte pour les intimes); je n'hésite pas longtemps: c'est l'heure de commencer à chercher un coin pour dormir, il y a de la place, quelques nuages menaçants dehors, de la bière et de la fraîcheur dedans, adjugé !
Refuge très confortable avec des petites chambres, bonne nuit et bon petit-dèj', c'est en forme que je m'attaque à la suite qui me semblait tranquille sur la carte, je n'en faisais déjà qu'une bouchée... Que nenni !
D'abord, je descends un peu trop bas sur un sentier sympathique : je remonte 100 m (en poussant mon vélo) pour récupérer la trace : petit doute, il n'y a rien qu'un vague replat dans la forêt ; je m'y engage mais renonce très vite: pas de sentier, des arbres en travers, bref ce n'est pas là.
Coup d’œil à la carte : il faut redescendre ce que je viens de remonter pour rien, continuer vers le bas et reprendre un autre sentier qui remonte de 200 m en portage. Aussitôt dit, presque aussitôt fait, je viens de perdre deux bonnes heures ! En fait, la trace était fausse, j'aurais dû mieux lire le texte du topo de Tinou74 qui était juste (rester sur un autre sentier que j'ai négligé un peu avant) ! La trace fournie ici est corrigée en ce sens.
Longue descente sur Longiarù, remontée de 300 m, re-descente dans des alpages et ce n'est pas au mieux de ma forme que je fais mon entrée dans Badia. Le soleil commence à descendre mais malgré mon estomac défaillant je n'ai pas du tout envie de dormir ici, je vise des alpages au pied de la muraille du massif de Fanes mais 600 m plus haut... Allez, au boulot !
J'y arrive vers 18 h, la bonne heure pour chercher un coin campable ; il y a ici pas mal de jolies petites granges (toutes fermées à clé, normal au Sud Tyrol), et je me coince entre deux granges, un peu à l'abri d'éventuels regards, on ne sait jamais... Je m'installe à l'abri d'une avancée de toit conséquente (ça tombe bien, il y a un petit orage au loin qui déborde un peu) et ne monte mon tarp qu'à la nuit tombante, assez tôt finalement dans ces contrées à la même heure légale qu'en France mais très à l'Est (une bonne heure de décalage). Les lieux sont un mélange de bucolique et de sauvage, des alpages au pied d'impressionnantes parois verticales de 700 m de haut.
Petite montée de 200 m pour aller chercher un beau single rendu très glissant (racines piégeuses) par l'orage d'hier soir ; mais faire du vtt sous ces immenses et impressionnantes falaises, c'est quand même quelque chose !
La suite devient rapidement très bucolique et facile, sur des pistes ou petites routes qui relient de très beaux villages ; mais que les montées sont raides !
Le col de Jù da Rit donne accès à une très belle descente sur un sentier herbeux ou terreux très agréable. J'arrive dans un vallon dominé de hautes parois rocheuses et qu'il faut remonter sur une dizaine de kms par une piste large et facile qui borde la route. J'arrive vers 10h au refuge Péderu, terminus de la route.
La suite est assez impressionnante vue d'ici : on a du mal à croire qu'une piste va permettre de franchir l'imposant verrou glaciaire qui donne ensuite accès au cœur du massif de Fanes. Évidemment, la piste est très raide mais j'arrive à tout monter sur le vélo, ce dont je suis assez content. Tout est très minéral, des éboulis, des parois rocheuses, d'anciennes moraines abandonnées par des glaciers. Mais plus haut vers 2200 m, on retrouve de l'herbe et donc, des vaches ! D'où l'intérêt et l'importance de la piste que je viens de remonter. Il y a ici 2 refuges, j'avais un peu envisagé d'y dormir mais il n'est que 14 h ; j'observe un moment les gros cumulus qui commencent à bourgeonner sérieusement et à obscurcir le ciel mais je me décide à continuer : il n'y a plus que 100 m à monter avant une longue descente que je sais facile, essentiellement sur une piste.
Vu la météo, je ne traîne pas et entame cette néanmoins jolie descente qui m’amène assez rapidement à Cortina d'Ampezzo. Le ciel se bouche complètement, il est évident qu'il va y avoir un gros orage et je cherche -et trouve- un hôtel pas trop cher (pas évident, Cortina d'Ampezzo étant le « Chamonix » des Dolomites). Effectivement, un gros orage éclate et va durer plusieurs heures, je m'endors au son du tonnerre et à la lueur des éclairs.
L'orage a duré une partie de la nuit mais il fait beau ce matin ; départ à la fraîche pour les 10 km de route du Passo Falzarego pas encore trop empruntée par les voitures à cette heure matinale ; les vues sur la Tofana di Rosès sont impressionnantes et j'arrive bientôt au départ de la piste qui monte vers les Cinque Torri, encore un haut lieu de l'escalade dans les Dolomites. Cette piste globalement goudronnée est parfois très raide et du coup, ça dénivelle ! L'arrivée au refuge des Cinque Torri, au pied même d'une des Tours me ramène 40 ans en arrière et je me revois accroché aux pitons de cette voie qui semble toujours aussi classique à voir les quelques cordées dans la face... A l'époque, je ne pensais pas revenir ici en vtt 40 ans plus tard, la vie reste imprévisible, heureusement...
Pour l'heure, ça continue à monter (et même à pousser un peu mon vélo) pour rejoindre le col et le refuge d'Averau vers 2500 m ; il y a du monde à cause des remontées mécaniques, je suis au sommet de la station de Cortina d'Ampezzo. Je m'échappe bien vite coté Sud et emprunte un petit sentier au pied même des parois de la Torre d'Averau : il n'y a plus personne, les touristes moyens ne s'aventurant pas à plus de quelques minutes de marche de leurs câbles... De même pour les cyclistes en "vélobylette", nombreux et dont beaucoup ne savent que monter et pas descendre, même sur les pistes qu'ils semblent ne jamais quitter, heureusement.
Ce sentier étroit démarre par un court poussage où je ne me serais pas aventuré à la seule lecture du terrain ; mais la carte et la trace GPS disent que ça passe, allons voir : et je découvre un superbe sentier à flanc souvent étroit et descendant dans un cadre unique : au dessus de moi, des parois verticales ; plus bas, de verts alpages apaisant, la quintessence même des contrastes dolomitiques.
Je finis par y descendre : le sentier devient plus facile, étroit ruban de terre dans les alpages où la vitesse augmente et l'ivresse m'envahit : un grand bonheur de vttiste ! Sentier magnifique et sûrement classique, j'y rencontre un couple de locaux en vtt ; c'est la première fois que ça arrive depuis 5 jours et cela restera très rare jusqu'au bout.
La descente se poursuit, très longue (plus de 1000m de dénivelé) et très variée, d'abord dans les alpages, puis dans une belle forêt ombragée. Je continue maintenant à descendre par une longue piste à flanc bien lisse et parfois taillée dans la pente ; il s'agit d'une ancienne voie minière (peut-être ferrée?) très agréable à rouler. 1000m plus bas, il commence à faire chaud quand j'atterris sur une petite route ; il est 13h et le destin a le bon goût de faire bientôt surgir un petit resto : je n'ai pas de coup de frein à donner puisque ça remonte depuis quelques minutes et me voilà très rapidement devant un bon plat de pâtes reconstituant ; ça tombe bien : maintenant ça remonte !
Quelques km de goudron m'amènent à Santa Fosca où m'attend une remontée de 600m, heureusement dans une forêt en versant N et ombragée. La piste n'est pour une fois pas trop raide, et ça remonte tout seul. Vers le haut, paysage magnifique, des chalets, des prairies, il fait beau, j'ai bien envie de bivouaquer par ici ! Mais pas d'eau... Je descend un peu et trouve un ruisseau et je prends de l'eau grâce à la gourde filtrante (très pratique et léger), C'est un peu moins beau que plus haut mais c'est pas mal quand même et je m'installe pour la nuit.
Il fait froid ce matin au réveil et je pars directement, quasiment sans manger, ça descend et je verrai plus tard... Début de descente sur une piste de ski engazonnée : c'est raide, un peu glissant à cause de la rosée, du coup assez technique et même très intéressant, on enchaîne les virages un peu comme en ski, en engageant le haut du corps d'abord, et le vélo suit...
Suite de cette longue descente de 900m par un peu de route et beaucoup de sentier, finalement bien agréable. Je trouve à me restaurer à Alleghe, il est tôt (7h30) et les premiers bistrots ouvrent à peine.
Je contourne le lac d'Alleghe, très beau cadre avec la muraille NW de la Civetta au dessus ; à nouveau surgissent plein de souvenirs d'escalade 40 ans plus tôt dans cette fameuse et très haute paroi de 1200m... J'y ai fait mon premier passage de 6b, et quelques jours plus tard, ma première voie ED en tête, un autre engagement que le vtt, une autre époque où "on engageait la viande" comme on le disait finement dans le jargon de l'époque...
J'entame la descente sur Arabba au pas de course, une remontée imprévue me fait bien transpirer et haleter et j'arrive en haut de la descente finale : superbe sentier (je vois vaguement du coin de l’œil qu'il est interdit aux vtt mais l'urgence est maintenant de descendre le plus vite possible) que j'enquille sans trop réfléchir ; passages techniques, longues traversées à flanc, un morceau de choix.
J'arrive à Arabba avec les premières gouttes de pluie et le tonnerre qui gronde ; coup de chance, je trouve un peu par hasard un hôtel un peu à l'écart, pas trop cher ; je n'hésite pas longtemps, il pleut ! Sous les orages qui vont durer plusieurs heures, la température chute: on passe de 26 à 12°C en quelques minutes. Donc la douche chaude, c'est plutôt bien !
Beau temps voilé ce matin et j'enquille la remontée au Passo Pordoi par une piste parfois très raide (comme d'hab') puis la route, beaucoup moins raide. Au col, un sentier balisé vtt m'attire : très agréable sentier qui me fait descendre 200m autrement que sur la route avant d'attaquer une sévère remontée jusque vers 2500m : à nouveau des morceaux de piste sur-raide où je pousse, et heureusement des morceaux roulant.
Longue et très rude montée avec un poussage éreintant et du portage pour passer le col de Forca Rossa ; je m'en souviens encore ! Là avec les bagages, c'était un peu limite... Mais très belle vue, j'aperçois enfin le haut de la Face N du Monte Agnèr, fait il y a 40 ans : 1600m de paroi (une des plus hautes des Alpes), 2 bivouacs dont un au sommet, le passage le plus dur est le dernier, tant qu'on l'a pas fait, on n'est pas sûr de sortir ; bref ce qu'on appelle de l'engagement... Mais bon, c'était avant. Avant le covid, avant Macron, avant Chirac, presque avant Mitterand, t'as qu'à voir !
Mais revenons à l'après covid : heureusement, la descente est presque intégralement roulante et au Passo San Pellegrino il y a une auberge où une pâtisserie me réconforte pour la suite, qui -je ne le sais encore- est encore pire que la première montée : en gros, il faut remonter le mur d'une piste "rouge saignant" ; j'ai bien cru que je n'allais pas y arriver... Mais j'y suis arrivé (je me suis un peu aidé des dents) et j'ai fini par descendre au Rifugio Capanna Passo Valles où j'ai enfin pu manger quelque chose de consistant (et même bon).
Jour 9 : Baita Segantini – Mazzin ; 55 km ; D+ : 1700m
Mais je suis haut et la nuit fut fraîche ; je démonte rapidement la tente sans manger grand chose me disant que je trouverai bien quelque chose plus bas et plus tard. Très beau début de descente avec les Pales de San Martino qui se découpent sur le ciel en ce jour à peine naissant.
Évidemment je ne trouve rien d'ouvert au Passo Rosso ; je poursuis ma descente par un peu de route, un peu de piste puis un très beau sentier un peu technique qui achève de me réveiller. Juste avant une grosse remontée, un bar : fermé, il est encore trop tôt ! Je mange ce que j'ai, il m'en reste encore pas mal, peut être même encore trop...
Commence une très belle remontée sur une piste pas trop raide, dans la forêt et à la fraîche qui me mène au Passo di Lùsia où le refuge est ouvert ; je m'y pose ½ h : paysage magnifique, petit café à l'italienne sur la terrasse, personne, un petit goût de bonheur... Puis du monde arrive, à pied, à Vélobylette : le télésiège vient de se mettre en marche déversant un flot (minime encore en cette heure matinale) de touristes évidemment bruyants. Je me chante dans ma tête cette chanson de Brassens qui avait remarqué avec justesse que "dès qu'on est plus de quatre on est une bande de cons", et j'entame la descente...
Descente qui commence très bien sur un sentier intéressant, voire technique et un peu expo, puis qui se termine sur des pistes ; ça devient moins drôle, il commence à faire chaud et il va falloir que je traverse Moena, grosse station de ski d’où arrivaient les touristes ce matin...
Mais tout a une fin et j'arrive passablement fatigué au sommet de ce premier col ; car il y en a un autre... Heureusement, le cadre est superbe, je suis au pied des Tours de Vajolet, encore un haut lieu de l'escalade ; malheureusement là encore un peu gâché par des remontées mécaniques. Je ne sais pas s'il y a encore beaucoup de neige l'hiver dans les Dolomites mais le cagnard d'aujourd'hui ne m'incite pas à penser que les prochains hivers seront froid et je me pose des questions sur l'avenir du ski de piste par ici...
Pour l'heure, ça descend un peu, puis ça remonte pour le dernier col de la journée. Descente sans intérêt par la piste, je suis trop fatigué pour tenter de descendre par un sentier qualifié de difficile par la littérature vttesque. Presque en bas, c'est la chute, heureusement à basse vitesse mais il me faut quand même quelques mètres pour m'arrêter : l'avant bras droit est bien contusionné et sanguinolent : je me nettoie sommairement ; rien de cassé, je repars, on verra en bas.
J'y trouve assez vite une pension de famille qui a l'air sympa : je montre mon bras un peu amoché pour éventuellement apitoyer la jeune fille de la réception mais c'est même pas la peine, il reste une chambre pour moi. Ça tombe bien, je suis vraiment crevé ; une bonne douche me fait du bien et me rassure : le bras n'a rien et même, il fonctionne !
Jour 10 : Mazzin – Alleghe ; 60 km ; D+ : 2100m
J'ai quand même avancé plus vite que prévu et il me reste encore quelques jours avant le rendez vous avec Patricia au pied des Tre Cime di Lavaredo. J'ai dans l'idée depuis quelques jours de bricoler une autre boucle de 5 jours : plus léger et en avançant bien, ça doit passer. Je laisse le matériel superflu à l'hôtel (tente, duvet, réchaud, etc... que je repasserai chercher en voiture) et je repars.
Tout de suite ça va plus vite et je ne fais qu'une bouchée de la longue remontée sur piste puis route vers le Passo Pordoi ; il est tôt, pas trop de circulation, il fait frais, je me sens en vacances ! Vers 2100m, je quitte la route pour reprendre cette magnifique traversée d'une dizaine de km en balcon sur ce sentier lisse en face de la Marmolada : aujourd'hui, il fait très beau, il y a moins de piétons sur le sentier, ça roule !
A la Forcella de le Crépe Rosse, je descends vers l'Est, cap sur la Civetta au loin ; la zone est sauvage, personne, le début du sentier est un peu technique mais plus bas, je retrouve une bonne piste en balcon, puis qui finit par me descendre sur de magnifiques petits villages en face de la paroi NW de la Civetta maintenant toute proche.
En bas, je rejoins une route que je comptais prendre pour rejoindre Alleghe : fermée pour travaux jusqu'à 18 h ! Je n'ai pas envie d'attendre 2 h et je prends une autre route mais avec 500m de D+ en plus... J'arrive à Alleghe, gros village magnifiquement situé au pied même de la Civetta.
Quelques km de goudron me permettent de rejoindre Santa Fosca où je récupère un sentier d'abord bien sympa, puis devenant très raide : le poussage, puis même le portage s'imposent ! J'arrive bientôt sur une piste montant au refuge Citta di Fiume au pied du Pelmo. L'endroit est magnifique mais il fait très chaud et comme je viens de quitter le couvert forestier, c'est dur d'autant plus que la piste se raidit fortement : difficile parfois de rester sur le vélo mais bon, ça monte...
Un petit poussage me donne accès à une zone magnifique d'éboulis blancs et miroitant sous le soleil au milieu de laquelle se glisse un petit sentier roulant même s'il n'est pas très lisse... Magnifique passage de Vélo de Montagne pour arriver à un petit col au pied du Croda da Lago, encore un sommet emblématique des Dolomites.
Il y a un peu de monde car je suis au dessus du refuge Croda da Lago que je rejoins assez vite sur un beau single assez large et facile ce qui me permet d'éviter facilement les nombreux piétons qui marchent le nez en l'air pour admirer les parois qui nous surplombent. J'atteins le refuge magnifiquement situé au bord d'un des rares lacs des Dolomites ; le site est très beau mais surbooké et je m'en échappe assez vite par un superbe single désert et difficile qui me fait perdre 800m de dénivelé, encore un très beau morceau de vtt parfois technique.
J'arrive à Cortina d'Ampezzo sous une chaleur lourde, l'orage n'est plus très loin et la recherche d'un hébergement va s'avérer longue et difficile ! Bien content que l'étape ait été assez courte.
Départ matinal de Cortina d'Ampezzo, la journée est encore annoncée comme chaude mais sans orages. 600m de dénivelé sur le goudron pour monter au Passo Tre Croci en guise d'échauffement et j'attaque une piste au pourcentage normal pour les Dolomites ; puis la piste se raidit à un tel point que je préfère porter mon vélo sur un sentier qui serpente à coté ; bien content d'avoir un vélo pas chargé ! Un petit col me donne accès à un magnifique vallon sauvage qui se descend très facilement sur une petite piste tranquille et agréable.
700m plus bas, j'arrive sur cette piste cyclable que nous avions empruntée sur quelques km avec Patricia il y a quelques années : piste parfois goudronnée, complètement à l'écart de la route où circulent de nombreux randonneurs à vélo entre Cortina d'Ampezzo et Lienz en Autriche, un itinéraire qui semble très classique mais qui ne quitte pas les vallées. Quant à moi, je ne reste que quelques km sur cette piste pour m'enfoncer à nouveau dans les montagnes et remonter le magnifique vallon (déjà emprunté avec Patricia il y a quelques années) vers le Passo Senes. Il fait très beau, le vallon est très vert, encore un très beau passage montant pas trop raide que je franchis le plus souvent à la pédale...
Puis arrive la descente sur le magnifique vallon suspendu de Fodara Vedla avant de plonger par une piste extrêmement raide sur le refuge Pederu, 500m plus bas : les falaises entre lesquelles cette piste descend sont impressionnantes et pour une fois, je suis content que la piste soit bétonnée sinon, la descente en vtt serait très périlleuse et dangereuse... Rarement vu un pourcentage pareil !
J'ai déjà 1800m de dénivelé dans les pattes et la pause s'impose au refuge Pederu : m'attend maintenant une sévère remontée de 500m jusqu'au refuge Lavarella ; j'y arrive vers 15h, affamé et un bon plat de pâtes plus tard, tout va mieux ! La fin de l'après midi est très belle dans ce vallon bucolique surmonté de raides parois rocheuses, dans une ambiance sonore où domine le carillon des cloches des vaches.
Départ très matinal vers 6h, la journée va être longue... La petite montée au col de Limo se fait à la frontale ; puis le soleil se lève dans ce superbe vallon au cœur du massif de Fanes qui me promène par une longue et facile traversée légèrement ascendante jusqu'au col de Locia où je sais que les choses vont se corser sérieusement...
En effet, le début de la descente se fait à pied et j'en gardais un mauvais souvenir car nous l'avions effectuée avec Patricia sous la pluie et le sentier s'était transformé en un petit torrent qui cascadait sur les marches aménagées, bref, inroulable. Aujourd'hui, ça va beaucoup mieux: les marches sont toujours là, inroulables pour moi mais plus bas, je retrouve un sentier technique dans un cadre sévère certes, mais roulant.
La deuxième remontée du jour est plus longue : 600m sur une piste pour une fois pas trop raide me montent sur les crêtes herbeuses de Pralongia ; il est tôt, les remontées mécaniques ne sont pas encore ouvertes, magnifique passage panoramique entre la Marmolada au Sud et le massif de Fanes que je viens de quitter au Nord.
Je m'offre le luxe d'un petit café dans le bistrot sommital encore désert, le patron démarre sa journée, moi aussi et on discute un moment en italo-français... Puis démarre une belle descente que j'avais repérée lors de mon passage il y a une semaine : descente aménagée pour les vtt, très facile donc, mais il n'y a pas de mal à se faire du bien de temps en temps...
Je me retrouve assez vite 600m plus bas, au cœur de Corvara, très beau village aux superbes maisons malheureusement devenu une station de ski de luxe ; ça pue le fric, mais c'est quand même beau et le début de ma troisième -et sévère- remontée est agrémentée de belles découvertes architecturales.
Mais l'heure a tourné et il commence à faire très chaud : cette longue et parfois très raide remontée plein Sud est éprouvante. Mais les lieux sont magnifiques, en balcon sous les parois verticales du Sassongher, et en face du non moins impressionnant massif de Sella, enchevêtrement de parois et de tours rocheuses pour le moins pointues !
S'ensuit une très belle traversée globalement horizontale sur un étroit mais sympathique sentier qui m'amène vers 14h au Passo Gardena où j'avais l'intention de dormi, mais j'ai avancé plus vite que prévu et je n'ai pas envie de m'arrêter là: petite pause pour étudier la carte, réfléchir, donner un coup de fil au refuge Molignon où je devrais pouvoir arriver avant la nuit; il y a de la place, c'est reparti sur les chapeaux de roue, c'est loin !
La suite démarre par une jolie descente loin de la route, dans les alpages puis une belle forêt ombragée, et me voilà rapidement à Selva, au cœur du Val Gardena encombré de remontées mécaniques et que je quitte bien vite par la route.
Une sévère remontée sur une petite route bien raide me rapproche du massif du Sasso Longo au pied duquel je roule maintenant sur une bonne piste facile qui me donne le loisir de lever le nez et d'admirer le paysage ; l'heure tourne, le soleil descend, la lumière devient très belle et il fait moins chaud ; tout va bien malgré la fatigue qui commence à m'envahir. C'est très beau et j'ai envie de revoir cette zone extrêmement bucolique du massif du Sciliar, ce qui en plus me permettrait de rejoindre le refuge Molignon par le haut malgré un surplus conséquent de kilomètres... J'y arrive vers 18h, la bonne heure pour avoir le temps de prendre une douche avant le repas prévu pour 19h, repas d'ailleurs bien apprécié !
Jour 14 : refuge Molignon – Pozza di Fassa : 25 km ; D+ : 700m
Un peu de tristesse aujourd'hui, c'est la fin d'un beau périple... Mais il fait beau et je vais essayer de trouver de beaux sentiers pour la descente finale ; pour le moment, ça monte et je rejoins le Passo Duron rapidement ; je connais la suite pour l'avoir parcouru dans l'autre sens le premier jour : il s'agit d'un très beau et long passage sur un sentier roulant en balcon qui va me monter vers l'Ouest puis le Sud du Sasso Piatto pour rejoindre enfin le pied du Sasso Longo.
Qui dit sentier balcon dit montées et descentes incessantes, en particulier le passage sous la face Sud ; très belle section de vtt malheureusement de plus en plus encombrée de touristes au fur et à mesure que je m'approche du sommet du téléphérique et du Passo Sella. Je m'en échappe très vite pour aborder la dernière descente, très intéressante sur des sentiers parfois ludiques.
Cette fois, c'est la fin : je me laisse glisser sur des bonnes pistes peu raides jusque vers Pozza di Fassa où j'ai laissé la voiture il y a 14 jours.
Épilogue :
Ce n'est pas tout à fait fini : j'ai Rendez Vous avec Patricia au pied des Tre Cime di Lavaredo après demain vers midi ; nous nous sommes donner des nouvelles régulièrement, je sais qu'elle avance vite et régulièrement le long de la Via Alpina et le RV aura bien lieu le jour et à l'heure prévu !
J'en profite pour faire une dernière journée de balade : je monte la voiture au parking du refuge Auronzo au pied même des Tre Cime j'entame la très belle descente qui va me permettre de faire le tour du Massif de Cadin. C'est très beau, bien sauvage mais le bas a été ravagé par un diluvium qui me semble très récent : la piste indiquée sur la carte a été emportée, un pont aussi, et si ça passe encore relativement bien à vélo, ce n'est pas le cas en voiture, raison pour laquelle le vallon est désert. Je me fais du souci pour la longue remontée qui doit me mener au refuge Citta di Carpi 1000m plus haut... Le début de la piste de remontée est en travaux, les engins sont stationnés au bord, jusqu'où vais-je pouvoir monter ?
J'attaque la montée sur une piste parfois difficile car pas encore stabilisée et qui traverse des zones complètement ravagées, mais ça passe. Le haut du vallon a été épargné et j'arrive finalement sans encombres au refuge vers midi: l'endroit est magnifique, pas grand monde, il y a de la place au refuge et je décide de rester ici à me balader à pied et dormir au refuge.
Très belle balade jusqu'au soir dans ce massif aux superbes parois très verticales, sur des via plus ou moins ferrata. A pied et sans sac, j'avance très vite, je double des randonneurs encordés avec les anneaux à la main sur des passages vertigineux certes, mais faciles ; quel sentiment de légèreté et de rapidité sur ces vires aériennes après ce périple à vtt qui m'a bien mis en forme !
Dernière nuit au refuge, je pars très tôt pour être à l'heure au RV. Le temps est maussade mais qu'importe ! Après une longue descente puis une longue remontée à vélo sur la route du refuge Auronzo, j'arrive à la voiture. J'y laisse le vtt pour poursuivre à pied vers le refuge Locatelli où j'arrive vers 11h. Il y a du vent et il fait froid mais je descends un peu dans le vallon par où va arriver Patricia.
Je n'attends pas très longtemps : je l'aperçois bientôt qui monte rapidement ; je vois bientôt son visage, puis ses larmes qui se mêlent aux miennes... Nous avons réussi tous les deux, chacun à notre manière ; deux belles trajectoires solitaires qui se rejoignent ici, en ce lieu mythique au pied des parois surplombantes des Drei Zinnen.