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Sorties > Kirghistan > Des Monts Alaï aux Monts Tian, de Osh à Karakol

Des Monts Alaï aux Monts Tian, de Osh à Karakol ⭐⭐⭐

Région : Kirghistan
Départ : Osh (985 m)

Longueur : 1376 km
Denivelé : 17294 m

Topos associés

Sortie du vendredi 01 août 2025

TiBougnat

Conditions terrain

Un mois à rouler sur terrains secs avec une météo plutôt clémente

Compte rendu

L'Asie Centrale, le Kirghizistan en bikepacking... comment s'en passer quand on y a gouté... comment ne pas y retourner tant il y a de vallées à découvrir... tant l'hospitalité du peuple Kirghiz est bien ancrée !

Deuxième itinérance d'envergure au Kirghizstan. On dessine une route audacieuse au départ de Osh, avec pour objectif de rester au plus prés de la frontière chinoise en traversant pour partie les Monts Alaï et les Monts Tian. Cette route nécessite des permis spéciaux pour traverser les territoires frontaliers avec la Chine et franchir les check point militaires.

Unknown
Imaginer, sentir, douter, avancer, découvrir, s’émerveiller, rencontrer, partager… cette année encore, l’inconnu me comble… et donne cette saveur toute particulière à notre itinérance en Asie Centrale

Oasis Kirghiz
Du minéral façon Tadjikistan, un verrou sans perspective… et là, inattendu, suspendu, cet oasis Kirghiz !

Big wall
À vouloir contourner ce big wall, on fait face au crux… dix kilomètres de poussette ou la démesure des montagnes kirghizes

Tourbillon d’émotions
Suspendue à 3800 m, d’une casse à l’autre, une piste en balcon, roulante, grisante… émouvante… emportés dans pareil tourbillon d’émotions, on n’en revient pas indemnes !

Back to School
Achyk Suu, fin de journée… à la recherche d’un bivouac, un vent violent se lève et l’on se retrouve rapidement dans une tempête de poussière… on trouvera refuge dans cette école abandonnée, occupée par les ouvriers de l’école nouvelle… comme à leur habitude les kirghiz nous accueillent avec leur hospitalité traditionnelle et bien ancrée… couverture, pain, sucre…

Yellow camp
Plus haut sommet du Pamir, le Pic Lénine est probablement le 7000 le plus gravi au monde. Son camp de base à 3750m d’altitude ne vaut pas le voyage, tout juste le détour… des centaines de tentes jaunes alignées telles des colonnes militaires en rang serré, très serré ! On passe notre chemin pour trouver la quiétude des lacs Tulpar.

Yellow stone
Pamir Highway, M41… des noms qui résonnent dans les pédales des globe-trotters de l’Asie Centrale. Nous voilà à la croisée des routes, au carrefour des quatre vallées, des quatre chemins. Celui du nord qui mène à Osh et la Ferghana Valley. Celui du sud pour franchir le Kyzylart Pass à 4250m d’altitude, col frontière avec le Tadjikistan, sur la route du Pamir. Celui vers l’Est et le soleil levant en direction de la Province du Xinjiang en Chine. Et à l’ouest, la Alaï valley qui mène à Dushanbé. Sary-Tash, littéralement “pierre jaune”, est un village carrefour où l’on croise les cyclos voyageurs de la Pamir Highway au milieu des colonnes de militaires et autres poids lourds en provenance de Chine. C’est à Sary-Tach que l’on décide de prendre un tout autre chemin en franchissant le Archat-Davan Pass (3610m), et éviter ainsi la monotonie des lacets du Taldyk Pass.

Les foins
En Lada, en Tata, à cheval… la période des foins bat son plein. Du lever au coucher du soleil, les paysans Kirghiz ne ménagent par leur peine pour faucher, rassembler et stocker leurs foins avant les premières neiges. Si les paysans des grandes plaines ont mécanisé leur exploitation, dans les vallées reculées au relief tourmenté, la faux et la fourche sont de rigueur… avec une bonne dose d’huile de coude.

Cyek Pass 4020
Passage clé de cette itinérance entre Osh et Karakol, le Cyek Pass nous tient en haleine depuis notre arrivée en terre Kirghiz. Il est la clé de voûte de cette route qui longe la frontière chinoise. A la lecture des cartes il est le point faible de cette chaîne de montagnes frontalières dont les sommets tutoient les 5000m. Renoncer, échouer à franchir ce col, c’est accepter un détour de plus de 500km par le Sary-Kyr Pass… sans compter l’aller-retour de 260 km de la Alley-Kuu Valley. Cette option n’est pas envisageable !
De ce Cyek Pass, on n’a que très peu d’information. La piste s’arrête 30 km sous le sommet du col et laisse place à une vague sente de mule très peu marquée, dans une vallée très encaissée. Les locaux que l’on croise dans les villages n’en savent guère plus. Tous nous conseillent de faire demi-tour. Avec leur bras ils font la croix, comme pour indiquer que la piste est sans issue. On poursuit notre route, notre quête ! On remonte cette Alley-Kuu Valley sur plus de 130 km. La dizaine de villages rythme notre progression jusqu’au camp militaire de Say-Talaa où un militaire zélé contrôle nos passeports et permis de la zone frontalière. Deux jours, deux bivouacs, on arrive au terminus de cette piste sans issue. Un mirador et une caserne à l’abandon marquent le début de l’itinéraire off-road, le début des difficultés ! Les derniers des bergers… pour seul abri, une toile de tente militaire où la vieille dame prépare le chai … à deux pas, une canadienne de fortune, en bâche de plastique qui claque au vent, où sieste un vieil homme. Le jeune berger nous invite à prendre le thé, étale une couverture et nous offre pain, beurre et komis. Hospitalité Kirghiz ! Bien ancrée ! Curieux de connaître notre chemin, je montre l’itinéraire sur mon téléphone. La vieille dame connaît parfaitement le chemin. Elle fait des gestes avec ses mains… le torrent à traverser… à plusieurs reprises… de l’eau jusqu’au ventre… mais on comprend que ça passe !
Un jour, un bivouac… ça pousse, ça roule, et ça patauge dans l’eau… c’est off-road, c’est éreintant, c’est épique !
On sort des gorges… enfin… les pieds lessivés. Les derniers mètres d’ascension se font sous haute surveillance chinoise. La frontière et ses miradors sont à quelques pas. Au col, quelques vestiges de barbelés russes. Avec Marius on se regarde… tout est dit ! Tous deux on sait ! Tous deux on savoure !

Beauté insoupçonnée
Imaginer, rêver cette traversée, oser la réaliser… entre deux, la lecture des cartes, des photos satellites… et un peu d’appréhension. Une chose saute aux yeux, l’immensité et l’isolement… et un vague cheminement d’une piste en pointillé. Insitu, la sauvagerie des lieux, qui n’a pour seule limite, la présence des bergers nomades qui mitent l’espace avec leurs yourtes et leurs troupeaux. Ici, au Kirghizstan, aucune vallée ne semble inoccupée… et toutes renvoient des beautés insoupçonnées.

Providence de l’Altiplano 3500
Il est tard. Dans une heure, le soleil se couche. Après l’interminable traversée de cet Altiplano à 3500m d’altitude, après avoir remonter des km de fil de poids-lourds à la frontière chinoise, après avoir rouler le long de ces doubles rideaux de barbelés, après plus de 110km, enfin, exténués, on tombe sur un cours d’eau pour poser le camp. Le berger du troupeau de yaks vient à notre rencontre. Il ne peut imaginer qu’on dorme ici sous une tente. « Dom, dom… », et il montre sa yourte à 500 m d’ici. Il nous invite à passer la nuit chez lui, au chaud. Avec Marius on se regarde. Providence ! Ce berger est la providence incarnée ! Il fait cru, nos vivres sont au plus bas et il est tard. La suite ? Les photos parlent d’elles-mêmes de cette Hospitalité Kirghiz ! Indéfectible ! Bien ancrée !

Les passagers de Kel Suu
Dans la Kok-Kiya Valley,
Kel Suu, un lac aux eaux passagères…
Kel Suu, des yaks qui murmurent à notre tente au petit matin..,
Kel Suu, la patronne d’un yourt camp qui nous invite à un repas traditionnel Kirghiz.. à se faire rompre la panse…
Kel Suu, deux passagers qui profitent de la beauté des lieux pour prendre congés de la pedale…
Kel Suu, victime de sa beauté naturelle !

Soviet heritage
Le 31 août 1991, le Kirghizistan est déclaré Etat démocratique indépendant et souverain. Ceci marque la fin de la République Socialiste du Kirghizistan comme faisant partie de l’URSS. En héritage, un vaste réseau de pistes qui parcourent les montagnes du Tian Shan, avec des cols à plus de 4000 m d’altitude. Si la plupart sont toujours en service et entretenues, d’autres, plus insolites, ont été abandonnées. Elles sont une aubaine pour ceux qui osent s’y aventurer à vélo. L’ancienne piste de Kel Suu est à l’image de ces pistes russes. Difficile d’accès, abrupte, peu marquée, mais d’une sauvagerie a ne pas regretter l’effort demandé pour franchir le col de Kok Kyya à 3600m. La brutalité de sa rampe d’accès laisse place à un vaste plateau roulant et une descente mémorable sur les grandes vallées ouvertes de Ak Say River.

Burkhan Valley
Une dernière épicerie, un dernier ravitaillement, un dernier plein de benzine… avant de s’immerger dans l’immensité de la Burkhan Valley. A nouveau, nous gagne cette envie de retrouver ces émotions liées à l’isolement, à la solitude, que procurent ces espaces de la démesure. Ici, on n’est que point sur une ligne d’horizon, on n’est que infiniment petit, on n’est que concentré d’humilité.

Gueules de berger
Une yourte, un troupeau, un berger, des gamins,… une Lada… Dans l’immensité de ces vallées, la solitude n’est qu’illusion. Même dans les contrées les plus reculées du Kirghizstan, on n’est jamais seul. On croise toujours une gueule de berger. Bienveillant, curieux, amical, il vient à votre rencontre et souvent vous offre un chai, du pain, du komis… et l’hospitalité à la tombée de la nuit.

Arabel Pass 3800m
Un fond de vallée d’une grande sauvagerie, cinq lacets se dessinent dans une pente sévère, le Arabel Pass se dévoile… enfin… après plus de cent km à remonter la Burkhan River. Le minéral prend possession des lieux. Les nuances de gris remplacent les nuances de vert. L’austère prend le pas sur la douceur. Là-haut, par-delà le col, ce sont des paysages de toundra norvégienne parsemée de lacs d’altitude. L’atmosphère est sévère, dépouillé, le plus souvent balayé par un vent glacial. Mieux vaut anticiper un bivouac au pied du col pour profiter de la douceur des pentes de l’adret et affronter le Arabel Plateau aux heures les plus clémentes de la journée.

Kara Say, vallée de la désolation
Une guérite militaire, un poste de transformation électrique, des lignes qui s’étirent à perte de vue, quelques baraquements… nous voilà à Kara-Say, devant la barrière du check point militaire. Je fournis au jeune militaire nos passeports et toutes les autorisations dont je dispose, sans vraiment savoir si cette région est couvert par notre « Border permit ». L’idée de faire demi tour et remonter au Seok Pass (4028m) n’est même pas une option qu’on envisage. Après quelques minutes, il sort de sa guérite, nous rend nos papiers et nous laisse continuer notre route. Soulagement ! A deux pas, le seul magasin de la vallée… d’après les cartes. Un vestibule, une jeune dame, du Coca-Cola et des gâteaux. C’est la désolation ! J’en viens à me demander comment les gens trouvent la force pour vivre ici… On fait un stock de gâteaux et on poursuit notre itinérance dans cette vallée de la désolation.

Vallées oubliées
La piste des mille et un poteaux franchit la Kara Say River. C’est notre point de bifurcation pour rejoindre Ak Bel Pass (3847m) et la mine d’or d’Arabel Plateau. Le lit de la rivière s’élargit, la vallée s’ouvre sur des hauts sommets glaciaires. La profondeur de champ et la beauté des lieux nous surprennent. On pose le camp pour la nuit. Deux bergers viennent à notre rencontre et nous proposent l’hospitalité dans leurs yourtes. « Il y a le loup ici, il faut vous mettre à l’abri ». On décline l’invitation. Notre envie d’être seuls, immergés dans ces vallées oubliées du Kirghizstan est plus forte.

Arabel Plateau 3800m
Brutal, austère, glacial… on le redoutait, il ne nous a pas épargné. La descente du Ak Bel Pass non plus. D’interminables lits de torrents anastomosés à traverser… pieds nus… pour préserver nos chaussures. Une fois rejoints la piste de la mine d’or, un orage éclate. Il fait froid, le vent nous cueille. Une berger rentre son troupeau. On va à sa rencontre. Un regard suffit. Il nous ouvre son cabanon et nous installe des couvertures. On met des vêtements chauds. Il dit deux trois mots à sa femme. Une demi-heure plus tard on est invités à leur table. Hospitalité Kirghiz ! Bien ancrée ! 
Après le passage des derniers orages, on fait un bout de chemin en direction du Juku Pass. Dernier bivouac, dernière nuit en altitude avant le retour sur Kyzyl Suu et Karakol par la vallée des Nomades et la Juku River.

Épilogue
Cette route des Monts Alaï aux Monts Célestes aura marqué nos esprits. Variété des paysages, immensité des vallées, isolement, complicité père fils.., mais surtout l’hospitalité Kirghiz… Ce voyage nourrit l’âme, nourrit l’envie de découvrir d’autres contrées, d’autres peuples… et pousser encore plus loin cette route vers l’est.

Monts Alaï aux Monts Célestes, de Osh à Karakol
1400km
D+19500m
24 jours


Commentaires

H
henyan, le 16.11.25 23:54

Jolie partage

mich', le 17.11.25 07:54

Quelle itinérance 5* !!! ... à côté de ça le tour des Annapurnas fait figure de baladounette ... 
... Et quelles photos ! ... BRAVO !!!

E
Etienne-H-, le 17.11.25 11:16

On devinerait  la rumeur sourde des cavaliers de Gengis Khan.
Quelle aventure, et toujours le bon oeil dans la lentille !

F
francois, le 18.11.25 19:15

Je n'aurai qu'un mot: Ouhaaaa !

S
Seb-L, le 21.11.25 08:46

Encore une fois magnifique, bravo. Quelle expérience avec son fils !
Merci pour le partage et la qualité remarquable des photos. Il y a de véritables pépites. Une grande aventure partagée qui mériterait un bel article dans un grand magazine... Si ce n'est pas indiscret, tu utilises quel type d'appareil (et quels objectifs), un Sony alpha7 ?

Novateur et original (à vélo) que de remonter cette vallée dans le Pamir Alay, au-dessus de la poudrière du Ferghana. Vous n'avez pas été tentés d'aller encore un peu plus à l'ouest pour rendre visite aux vallées aux big wall les plus impressionnants de la "Patagonie kirghize" ?  Mais c'est probablement plus du domaine du VTT difficile (avec portages) que du bikepacking, à moins de les parcourir en A/R, ce qui est difficilement compatible avec une traversée ambitieuse comme celle que vous avez réalisée...
 
Une trace comme celle-ci, il n'y en a pas 36 sur VTTour : originale, ambitieuse, engagée, spectaculaire, partagée, etc. Tout ce que j'aime rechercher en montagne. Encore bravo et merci.

papito38⚡, le 22.11.25 21:14

Sais pas quoi dire devant votre trip? Moi au chaud dans mon camping car en Corse avec mes petites sorties en Vae.
Bien que l’orientation dans le maquis et la roulabilite ne soit pas facile, je dois diviser par 100, distance et dénivelé de ton aventure pour arriver aux miennes.

Cette sortie
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