Départ : Ouarzazate (1100 m)
Longueur : 380 km
Denivelé : 6000 m
Sommets associés : M'Goun
Topos associés
Sortie du mardi 06 septembre 2011
Compte rendu (par TiBougnat)
Première incursion en Afrique du nord, on n'a pas été déçu du voyage. Une magnifique itinérance dans des paysages de toute beauté. L'immersion dans la culture Berbère a été totale. Quel peuple ! Quel accueil !
Merci à Marinette de m'avoir suivi (encore une fois) dans ce projet un peu fou ! Parcourir les parties les plus reculées du Haut Atlas en autonomie complète n'était pas gagné d'avance, surtout pour une première visite sur ce continent.
samedi 23 octobre, de Ouarzazate à Taferghoste - 23 kms
En route pour Skoura sur nos deux vélos, avec l'idée de dormir dans une belle casbah... et puis finalement, après une vingtaine de kilomètres, on s'arrête dans le joli petit village de Taferghoste, sur la route de Ghassate. Et là, c'est le début d'une belle rencontre berbère avec Mustafa et son frère Khalid.
dimanche 24 octobre, de Taferghoste à Toufghine par le Tizi 'n-Fedghat (2181m) - 66 kms - D+ 1200 m
On chemine sur une belle route de montagne, très peu fréquentée, qui au fil des kilomètres, devient de plus en plus cahotique. On pénètre progressivement dans le Haut-Atlas marocain pour rejoindre la vallée de Tessaout. L'étape est marquée par le franchissement de deux cols successifs dont celui de Fedghat à 2181 m d'altitude. Le versant nord a subi les dégâts des fortes pluies de la semaine précédente. On apprécie nos vélos suspendus dans certains passages délicats. On croise des jeunes à dos de mule nous indiquant l'adresse d'un gîte à Toufghine où l'on passera la nuit. Marinette se fait tatouer des dessins au henné sur ses deux mains par une amie de Mohamed, le gardien du gîte. On visite le village moyenâgeux de Toufghine accroché à la montagne. Dans les ruelles, la misère est palpable. Le système de canalisation des eaux de la montagne est ingénieux.
lundi 25 octobre, de Toufghine à Ichbakene par la vallée de la Tessaout - 20 kms - D+ 500 m
Une belle journée galère, les pieds dans l'eau. Objectif du jour, rejoindre Amezri, au pied du M'Goun. Mais à chaque fois que l'on croise un berbère, notre objectif du jour s'éloigne de plus en plus. Ils nous font tous comprendre que c'est impossible de passer en vélo. On s'obstine malgré tout, car c'est notre itinéraire. Les dernières pluies ont emporté la piste. Il nous faut suivre le lit du torrent et les traces des mules pour ne pas nous égarer et avancer. On avance à une allure d'escargot avec notre chargement. On passe à gué une dizaine de fois. On décharge les vélos pour les faire passer un par un sans risque qu'ils soient emportés par le courant. Nos pieds sont meurtris par les cailloux. La journée est éprouvante, physiquement et moralement. On plante finalement le camp au pied d'un village peu avant Ichbakkene. La nuit est glaciale.
mardi 26 octobre, de Hichbakkene à Tamzzrit par le Tizi 'n Oulawn (2677m) - 50 kms - D+ 900 m
Après une nuit glaciale sous la toile, la journée débute avec les pieds gelés par le torrent de la Tassaout. Il nous faut encore traverser 4 ou 5 fois à gué avant de retrouver enfin la piste à la sortie du village d'Ichbakkene. On croise deux muletiers, et on se range sur le côté de la piste pour ne pas effayer leur mules. Et surprise ! Ils nous lancent deux pommes en échange ! Notre arrivée sur Amezzri, sur fond de M'Goun enneigé, est de toute beauté. On traverse rapidement le village, assaillis par des enfants "diram". Une nouvelle piste taillée dans les terres rouges d'Amezzri permet de rejoindre facilement et à un bon rythme le Tizi 'n Oulawn (2677m). Il est 16h15. Il nous reste une heure pour trouver un bivouac avant la tombée de la nuit. On rejoint le village de Tamzrit où l'on déniche une petite parcelle herbeuse sous un noyer au milieu des cultures du village. De nouveaux enfants nous accompagnent et nous aident à monter le camp, puis nous ravitaillent en pain, sucre et huile d'olive. Ils partagent le début de soirée avec nous. On échange des mots en français et en berbère.
mercredi 27 octobre, de Tamzzrit à Tighouzzirine par Jbel Azguigh - 40 kms - D+ 900 m
Un magnifique itinéraire. On est surpris par les rouges les plus vifs, par des gorges inaccessibles et par des pistes de plus en plus raides, de plus en plus hautes et aux destinations mystérieuses. L'arrivée sur le plateau du Jbel Azguigh est des plus improbables. La piste qui le traverse est un régal à parcourir en vélo. Le paysage s'ouvre, la palette de couleurs s'intensifie. Les lieux nous invitent à faire une pose thé à la menthe avant de redescendre sur le village de Tighouzzirine pour planter le camp à l'entrée du village. En dehors des enfants qui nous harcèlent et à qui il a fallu botter les fesses pour se faire respecter, l'accueil des villageois est très chaleureux : thé à la menthe, pain, pommes, vache qui rit...
jeudi 28 octobre, de Tighouzzirine à Bou Taghrar par Azaghar-n-Yigr - 50 kms - D+ 550 m
Au réveil ... grand beau temps, comme les jours précédents. Par ici, les nuits sont étoilées plus que jamais. La voie lactée est bien marquée. L'étape est longue et variée. On quitte le Haut Atlas pour rejoindre ses contre-forts et le plateau désertique de Azaghar n Yigr, long d'une trentaine de kilomètres. La piste est chaotique et éreintante. Mais l'ivresse procurée par l'atmosphère des grandes étendues compense largement les difficultés de roulage. Et que dire de l'accueil, au bout de cet immense plateau aride, de ce généreux chauffeur de bus scolaire qui nous offre sa gamelle de midi et son thé à la menthe. On est en immersion totale dans ces contrées marocaines : ce bel accueil berbère avec les mains dans la même gamelle est suivi d'un lavage de pieds et d'une prière sur un sol de poussière et de cailloux. La suite de la journée est exaltante avec cette halte au point téléphone du village de Aït Khlifa. On s'arrête dans une minuscule boutique équipée d'un vieux, mais indispensable, combiné à pièces. Marinette est heureuse d'avoir le Gabinou au bout du fil pendant qu'un gamin berbère nourrit la machine en pièces de monnaie. A Bou Taghrar, après quelques kms de routes interminables, on s'offre une belle nuitée dans un ryad typique du Maroc. On sympathise avec Mohamed Taha, guide de montagne (domicilié à Nice). Ses compliments sur notre périple et sur notre engagement pour un premier séjour au Maroc nous font rudement plaisir !
vendredi 29 octobre, de Bou Taghrar à Msemrir par les Gorges de Dades - 60 kms - D+ 1150 m
Wouah ! Aujourd'hui encore, on traverse des paysages de toute beauté. Coincée entre le Jbel Talouit et le Jbel Riguit, la piste assurant la liaison entre la Vallée de Roses et la vallée de Dadès est un vrai bonheur pour les nomades à vélo que nous sommes. Ici, tout est couleur rouge-ocre, de la surface de la piste au sommet des montagnes en passant par les habitations. C'est un régal pour les yeux et pour le capteur de l'appareil photo. On croise quelques motards et 4x4, signes d'une activité touristique bien plus présente que lors des journées précédentes. Cela se confirme dès notre arrivée sur le ruban de bitume menant aux Gorges de Dadès, labélisées 5 étoiles dans tous les guides. Quelle déception pour nous ! On ne s'attarde pas sur cette route à bus estampillés "TOURISTES". Nous préférons rejoindre des contrées plus sauvages et préservées du tourisme de masse. L'arrivée au coucher de soleil dans la haute vallée de Dades est féérique et nous réconcilie avec cette vallée. Le soleil rasant illumine la carapace du canyon Dadès. A la tombée de la nuit, nous rejoignons enfin Msemrir, village poussiéreux et sans cachet. Nous passons la nuit à l'hôtel, ou plutôt dans une chambre chez l'habitant. L'accueil est chaleureux, le repas du soir délicieux et copieux (omelette berbère, couscous légumes, pain maison).
samedi 30 octobre, de Msemrir à Tamtettoucht par le Tizi n' Ouguerd-Zegzaoune (2639 m) - 45 kms - D+ 800 m
Aujourd'hui, c'est le vrai souk à Msemrir. Depuis hier soir, les nomades et autres marchands occupent la place du village et s'affairent à préparer leurs étales. On prend un bon petit déjeuner à la terrasse ensoleillée du restaurant d'Hamid. Très sympa et arrangeant, Hamid nous accompagne au souk pour trouver un tendeur afin de rafistoler la saccoche de Marinette. Il nous dessine ensuite un plan pour rejoindre la piste menant aux Gorges de Todra. Le début de l'étape est agréable et roulante jusqu'à l'entrée des Gorges de Tittaouine. Dans ces interminables gorges, la piste emprunte le lit du torrent. Elle devient très vite caillouteuse et nous tane les fesses quand on arrive à monter sur le vélo et pédaler quelques mètres. Même les 4x4 avancent au pas. Ils sont d'autant plus admiratifs de nos efforts pour atteindre le tizi. Au col, les paysages s'ouvrent, la piste devient roulante et nous retrouvons le moral. On se laisse descendre jusqu'à Tamtettoucht, village marquant l'entrée des Gorges de Todra. En route, on croise de nombreux nomades aux conditions de vie misérables. Dans les yeux des enfants, on voit beaucoup de tristesse et de misère. En offrant une pomme ou un bout de pain, on tente de se déculpabiliser un court instant d'être de riches occidentaux très privilégiés.
dimanche 31 octobre, retour à Ouarzazate via les Gorges de Todra et Tinerhir
Notre dernier jour sur le vélo. On rejoint aisément Tinerhir par la jolie route des Gorges de Todra. A Tinerhir, on décide de prendre le bus pour retourner sur Ouarzazate. On ne regrettera pas notre choix au vue des grandes lignes droites de bitume encombrée par un trafic hasardeux, le tout face au vent. On arrivera à la nuit, juste le temps de trouver un petit hôtel. Le lendemain, c'est journée de transition avant notre retour en France.