6 jours dans le Queyras

Week-end VTT avec des potes prévu à Ceillac depuis quelque temps. Aller-retour en train depuis Grenoble, les horaires de retour me prennent la tête, je ne sais pas pourquoi, je sais, il faut que je reste. Plus beaucoup de temps devant moi, le boulot à boucler avant les vacances. Je trouve des traces en BUL (pour être rassuré sur le fait que ça passe avec du poids, je suis presque BUL), j’en compile deux, merci aux traceurs.

Du très bon avec les amigos pendant le week-end dont la tête de Rissace et le col Girardin, apéros, pétanques, cartes. Merci pour leur compagnie.

Après une journée de repos rangement, je pars le mardi matin. Les données sont extraites de mon GPS Garmin Etrex 30x, plus élevées que celle d'openrunner, je flatte mon ego.

Ceillac > Col fromage > Col pré fromage > La Chalp > St Véran >Lac de la Blanche

Départ tôt, même à 1700 il fait chaud. Montée au col Fromage par la variante du GR5, c’est plus direct. Plus direct, donc bien plus raide au départ, ça pousse fort, il fait déjà bien chaud. Je suis accompagné par une centaine de mouches, le sentier devient plus roulant, je pousse sur les pédales, le rythme cardiaque s’accélère, j’inspire trop fort, hommage aux Negresse Vertes, un peu de pâte d’amande pour faire passer. Alternance de roulage poussage, une fois la petite brèche rocheuse passée, joli single de niveau puis ça roule vite et bien jusqu’à la fontaine rouge. Un seul randonneur à l’horizon, je peux lâcher les freins. Remontée roulante dans l’herbe verdoyante, puis DH de la chapelle Saint-Simon, propre, des virages, quelques passages rocheux, parfois trialisant, très bon.

Piste à travers champs vers Saint Veran, le paysan est content, les récoltes sont bonnes. Pause au village, mon pneu arrière bulle un peu trop, le bouchon de latex près de la jante n’arrête pas de sauter. Je préfère mettre une chambre et en acheter une autre, au cas où.

Piste pour rejoindre le refuge de la Blanche. Un jus de pomme maison et je vais planter le bivouac en hauteur, à l’écart. Cette fois j’ai opté pour des dîners lyophilisés, j’avais manqué de Kcal, les fois précédentes. Ce soir, riz poulet curry. Le soleil se couche, je m’endors avant à la nuit, réveil au milieu des étoiles…

Lac de la Blanche > Col Saint Veran > Col de Chamoussière > Col vieux > L’échalp > Refuge Mont Viso

Grand beau, ça pousse jusqu’au col de Saint Véran, en attaquant la traversée, je manque de tomber, bousculé par des grosses rafales de vent. Un peu déçu par moi, quand même, j’aurais aimé ne pas poser le poser le pied aussi souvent sur cette belle ligne. Col de Chamoussière, 9h00 du mat, j’ai des frissons,  ma déception est vite oubliée, magnifique descente dans le schiste (je crois), très peu de randonneurs, terrain sec, pas de névé. Il faut poser le pied quelquefois, ça permet de récupérer de jeter un œil derrière soi, d'admirer le paysage. Au col vieux à 10h30, très peu de randonneurs, beaucoup de vent, Grosse Frustration. Le sentier est interdit au VTT jusqu’à 15h00, bien fait pour moi, c’est bien écrit sur Vttour !  Je ne trouve pas d’échappatoire tout en respectant l’itinéraire, je pourrai rejoindre le lac bleu et le col de Longet en passant par l’Italie par le col Agnel, mais ça me fait trop perdre. Un bon bouquin, à boire et à manger, la vue est terrible, je pourrai même aller faire un tour. Le temps passe lentement, 13h30, je regrette de ne pas avoir pris l’option col Agnel, mais il est trop tard. Beaucoup de vent, ça prend la tête. 14H45, je suis dans les startings blocks, deux vététistes italiens attendent aussi depuis ce matin. Pas d’autres VTT à l’horizon, peu de randonneurs. 14H55, on lache les freins, la descente jusqu’à la Chalp est magnifique, du très roulant puis de beaux passages bien techniques et pierreux. C’est bon, c’est long, ça n’en finit pas, plus de regret.

Le doute m’assaille, est-ce que je monte vers le refuge ? Un peu fatigué par la descente, par l’attente, perte de confiance en moi. Bon souvenir du camping de Ristolas en famille, son placement libre, le bain suédois, je craque. Je tourne et retourne dans le camping pour finir par ne pas trouver un emplacement qui me plaise. Je plante, prends une douche, riz au curry, bière. Il y a beaucoup (trop) de monde, les moustiques attaquent, mais que fais-je donc là ? Je me suis perdu. Je plie, je packte, je pars, je roule... la nuit noire, la frontale… c’est tellement bien ! Un endroit presque plat à l’intersection des deux sentiers, ça sent le thym, encore beaucoup de vent, collant, plume de canard, ibuprofène, je m’endors sous les étoiles…

Refuge Mont Viso > Col Vallante > Passo della Losetta > Vallon de la Soustra > Col de Longet

Ça roule jusqu’au lac Lestio, 500m de portage jusqu’au col. Je croise un pote Guenille dans la montée, belle coïncidence ; en plus il me dépanne d’un peu d’ibuprofène, la racine de ma dent de sagesse n’aime pas l’altitude. Petite pause au col, je retrouve les collègues italiens. Direction Passo della Losetta, je peine, c’est dur, j’ai passé pas mal de kcal hier soir, la bonne excuse. Deux passages raides et fuyants, un peu expos. Plus d’eau, j’ai soif, ouf, il reste des névés au col, je sors le gaz.

Les premiers mètres, à pied, le départ est raide et fuyant. Après c’est un régal jusqu’à l’herbe. Sieste à l'ombre d'un rocher, je m’enfouis dans la terre humide... Puis le sentier défile jusqu’à la route du col, ça remonte un peu, un passage à travers champs, pour rejoindre la fin du single versant est du col Saint Véran, cassant, bovinesque, pilotage.

Je pense dormir près du Lago Bleu, la montée est rude, ça ne roule pas vraiment, des escaliers à passer, puis les faux cols s’enchaînent dans un paysage magnifique, je fatigue, j’ai mal au dos quand je porte, difficile le lever la roue avant quand je pousse. J’arrive au lac au soleil couchant, ce n’est pas vraiment plat, la carte IGN coté Italie n’est pas très détaillée, je tourne et retourne en vain, la cabane de berger en pierre n’est pas très accueillante. J’entends une voix, quelqu’un me parle, au loin, en haut, un être humain porte son vélo sur son dos, mais quelle drôle d'idée. « bivouac au col ! » dit-il. Je me souviens alors de la cabane du Longet. Le vététiste de Gap vient à ma rencontre pour me montrer le chemin. Bivouac magnifique et très confortable, avec baie vitrée plein est, 4 étoiles. Le Gapençois est accompagné d’une amie. Je cherche en vain les pâtes bolo avant de me rappeler que je n’ai pris que des riz-poulet, plus de Kcal. Ils partagent des pâtes au pesto. Un bon matelas, très beau lever de soleil…

Col Longet > Refuge Maljasset >Bivouac de Marinet

Paysages splendides, du flow, de la vitesse, BAM !!! La Tête par Terre! Et le petit muscle de mon avant-bras a pris la forme du rocher, rien de cassé, mais ça pique. Roue avant coincée entre une petite pointe pyramidale cachée dans une touffe d’herbe et le bord l’ornière ; dommage, je rate le sentier qui évite la partie déversante. Double jus pomme au refuge CAF et ça repart. Dernier jour pour les Gapençois, ils rejoignent Ceillac par le col Girardin, je file vers les lacs de Marinet.

Ça roule pas mal à la montée, puis ça pousse et porte vers la fin, trop caillouteux. 14H00, personne aux alentours, le bivouac est propre, austère et accueillant. Je suis crevé. Repos, décrassage, lessive. Seul au monde, au bord du lac, mes pieds servent de nourriture aux petits poissons, ne pas bouger, une marmotte veut passer, devenir un rocher, un chamois au loin…19h00, deux randonneuses italiennes arrivent, elles m’offrent du fromage à la lavande, miamiam, et du lard, le gras parfois, c'est bon, (l'adrénaline aussi), re-rizpouletcurry. J’abandonne mon livre.

Bivouac de Marinet > Col de marinet > Col Mary > Vallon de Maurin > Colle dell infernetto >Col de la Gypiere > Refuge de Chambeyron

Tranquille montée jusqu’au col de Marinet, quelques randonneurs, « t’en as, t’en as ?! », je suis manque, je trouve. Belle et longue descente jusqu’aux granges. Roulant, quelques passages cassants pour ralentir un peu, la croupe en freeride vers le point 2154 permet d’en éviter certains. En bas, aller-retour pour se recharger en eau, la paille de la vie, c’est vraiment bien pour moins porter, mais parfois j’ai été trop optimiste sur la présence d’eau.

Montée en poussage bien raide dans les prés avec de bons coups de cul, quelques parties plates et roulante avant d’arriver dans le dur. Le col de l’enfer, ça porte facile avant d’arriver dans les passages avec les cordes et les câbles. Pas trop expo, mais le portage sur le dos de passe pas, les roues accrochent le rocher, je dois tenir le vélo d’une main par l’armorto et les cordes de l’autre, ambiance !

Le versant ouest du col n’est pas si roulant qu’il en a l’air, portage, puis ça roule vers les lacs en posant parfois le pied. Je commence sur le sentier italien pour aller au col de la Gypière, mais la trace GPS va ailleurs, demi-tour, je fais confiance à mes prédécesseurs. En effet, plus roulant sur le GR. Changement de décors, très très minéral, très très magnifique. J’avais prévu de dormir dans ou à côté du bivouac Barenghi, trop étroit, mignon, mais oppressant, que du caillou aux alentours, difficile de planter, je file vers le refuge de Chambeyron. Après le col, les couleurs changent, impressions martiennes, lacs turquoise, frein arrière un peu mou, tant que l’avant tient !

Planche apéro et jus de pomme avant d’aller planter les sardines loin de la foule des samedis en montagne.

Refuge de Chambeyron > Col de Serenne > Vallon Laugier > Guillestre

Une bulle se serait-elle glissée dans la durite, le frein arrière ne va pas mieux. Je prends l’option col de Serenne et vallon Laugier plutôt que le col des Houerts, cela semble moins raide à la descente. Je n’ai pris cette carte, je lis mal sur le petit écran et m’élance droit dans le pentu à partir du four à chaux. Mieux vaut prendre le sentier qui part entre Petite et Grande Serenne vers Haut Coulet, ça m’apprendra, ou pas. Trop raide, l’enfer c’était plus facile, je suis un peu au bout de ma vie, ding-ding au loin, bain d’ortie pour éviter les rencontres canines, sieste, re-sieste, col. Vallon magnifique, sauvage, marmotte, torrent, cascade, pas beaucoup frein arrière. Des parties bien raides et caillouteuses après le Pas, faut poser les pieds. Suivre le torrent jusqu’à Guillestre, très bon flow, un peu plus de frein arrière, quelques remontées, ça ne s’arrête jamais, la trace gratte les derniers mètres pour ne pas prendre la route,bien joué les traceurs, superbe, ça remonte, c’est dur, ça vaut tellement le coup. Et puis c’est finit. Que faire ? Resto, dodo, métro...retour au monde réel. Écrire, c'est y être encore un peu.